Notre différence

    Il y a ces jours où écrire peut faire du bien. Où poser de simples mots sur le papier ou l’ordinateur aide à aller mieux. Où juste des lettres les unes à la suite des autres s’enchaînent sans forcément de raison. Mais faut-il toujours écrire avec une raison ? Avons-nous toujours une raison d’écrire ? Ne pouvons-nous pas tous simplement laisser notre corps choisir ce qu’il a envie de faire ? Ce qu’il a envie de dire ?

 

    Et si, nous laissions notre cerveau de côté ? Et si, nous laissions notre corps s’autoguider ? Arrêtons de nous auto barrer la route et d’être nos propres marionnettes aux ficelles de fer. Nous sommes bien plus que cela. Bien plus que de simples robots analysant les autres pour mieux s’intégrer. Bien plus que des caméléons imitant les réactions communes pour passer inaperçus.

 

    Qui sommes-nous vraiment si nous ne sommes pas nous-mêmes à cent pour cent ? Qui sommes-nous quand nous avons ce masque de la société ? Qui est ce masque qui fait partie de nous et que nous avons tant de mal à retirer ou simplement accepter ? N’est-ce pas une facette de notre personnalité que l’on aimerait être au plus profond de nous et que nous servons comme illusion à autrui ?

 

    Nous sommes faits pour le théâtre. Nous ne sommes que de grands acteurs sur la scène de notre propre vie. Mais nous sommes aussi de piètre comédien quand il s’agit de jouer son propre rôle au naturel. Nous nous adaptons. Nous imitons. Nous analysons. Nous faisons comme les autres pour paraître moins bizarres. Moins nous-mêmes. Plus eux-mêmes.

 

    Et si la marionnette brisait ses chaines de fer ? Elle pourrait danser et agir comme bon lui semble. Elle pourrait aller voir cette personne dans un coin pour lui l’inviter sur la piste. Elle pourrait rayonner au centre de la scène de son propre théâtre miniature et faire valser les frontières qui l’encadrent. Elle pourrait découvrir le monde et oser sans se faire retenir par les fils de la société.

 

    Et si le robot mettait fin aux analyses ? Il pourrait laisser son cœur choisir. Le laisser le guider et lui dire ce qui est bon. Il pourrait se faire confiance pour aimer ou détester. Il pourrait dire non comme oui avec ferveur. Il ne se priverait pas. Il ne se bloquerait pas. Il pourrait répandre ses sentiments colorer sur la toile grisâtre des lignes de codes et circuits imprimés qui guident ses analyses et ses actes. Il pourrait être libre de lui-même.

 

    Et si le caméléon arrêtait l’imitation ? Il pourrait ne plus être un simple mouton dans le groupe. Il pourrait s’affirmer et aller à contre-courant. Il pourrait dire et faire ce qu’il pense sans avoir peur du jugement. Il pourrait envoyer en l’air les codes et les règles absurdes que l’on respecte sans savoir pourquoi. Il pourrait être celui qui s’inquiète et qui est attentionné juste pour le plaisir et sans attendre une chose en retour. Il pourrait être lui tout simplement.

 

    Et si le masque tombait pour de bon ? Nous ne serions pas plus bizarres ou différents. Nous serions juste uniques et nous-mêmes. Nous serions les meilleurs acteurs de cette scène, car nous ne jouons pas. Non loin de là. L’authenticité. La spontanéité. L’originalité. Nous sommes nous jouant à la perfection notre propre rôle que nous avons-nous même écrit. La société n’est pas le metteur en scène du théâtre de notre vie, elle est une simple figurante et nous en sommes à la fois, acteur, scénariste, metteur en scène, réalisateur, accessoiriste, et public. Nous rions, pleurons, râlons, aimons dans ce théâtre, mais avant tout nous sommes nous.