Jour 8 : Etoile

    « Quand on prie la bonne étoile, la fée bleue secoue son voile… » Des paroles de chansons. De simples paroles, mais que signifient-elles vraiment ? Comme cette phrase populaire : « Il faut croire en sa bonne étoile ». Est-ce une étoile ou une fée ? Parle-t-on toujours de l’astre dans le ciel qui brille d’une intensité sans égale depuis des centaines d’années ? A ces questions, peu de réponses, juste une tentative, d’une plume un peu maladroite et rêveuse.

 

    L’étoile qui nous guide et qui nous éclaire la nuit n’est pas forcément celle que l’on pense. Elle est là sans être là. Toujours dans notre cœur, un être cher présent, peu importe la distance et le temps. Des souvenirs gravés dans la mémoire du ciel qui se matérialise en des centaines de points lumineux à la tombée du soleil. Levons la tête lorsque la nuit est là, observons apparaître et disparaître chaque jour ces touches de blanc sur cette toile un peu nuageuse parfois. Et même si le ciel s’obscurcit et que les astres du soir ne sont plus visibles, il ne faut pas oublier que le jour, une étoile veille toujours sur nous. Et même si celle-ci est hors de vue, en soi la mémoire scintille. Sourions et portons cette étincelle pour aider à éclairer les chemins les plus sombres autour de nous.

Jour 7 : Épuisé

    Tu danses. Tu danses dans cette grande salle. Un plancher marron, en accord avec ton nœud papillon. Des miroirs sur l’un des murs, cela t’oblige à te tenir droite. Tu fais aussi des grimaces pour faire sourire le reflet. Tu t’amuses. On dirait un enfant qui bouge avec le rythme et une amie. Vous êtes deux. Vous rigolez. La musique s’accélère. Vous tentez de la rattraper. Elle prend de l’avance, elle vous distance doucement, mais vous refusez de vous avouer vaincues. Alors les mouvements s’adaptent. Les bras s’emmêlent et se démêlent. Les pieds marquent les temps. Puis un pas glissant pour rattraper la cavalière qui tombe en tournant. Vous ne faites pas vraiment attention aux personnes autour de vous. Vous entendez la fin arriver. Encore… Un petit peu… Un petit effort… Un dernier tour et voici le final. Vous soufflez un grand coup. Elle te saute dans les bras. Un câlin bien mérité. Tu t’es bien amusée, mais tes jambes ne te portent plus. Tu es épuisée. C’était peut-être un peu trop rapide pour toi.

 

    Mais à peine posée, tu reconnais les quelques notes. Tu lances un regard dans la pièce. Ton pied droit commence à bouger sans permission, tapant le sol en accord avec les notes qui te font vibrer. La personne de la chanson n’est pas là. Tu vas pouvoir te reposer. Mais tu as peut-être pensé trop vite. Une tête vient de franchir l’encadrement de la porte. Tu la connais bien cette frimousse qui s’avance. Elle te fait signe de t’approcher. D’un air théâtral, tu signales ton envie de repos cependant ton corps te trahit. Elle mime alors une corde et t’attrape au lasso. Tu n’as plus le choix. Et malgré la fatigue qui te crie de rester calme juste le temps d’une chanson. Malgré ta conscience qui te dit qu’il serait mieux de ne pas danser de nouveau aussi vite. Tu te laisses saisir par ta nouvelle partenaire et la mélodie. Main dans la main vous dansez. Tu te reposeras plus tard. Tu ne peux pas ne pas bouger sur cette chanson. Tu tomberas peut-être d’épuisement à la suite de celle-ci ou de la suivante ou peut-être celle d’après encore. Mais tu t’amuses. Tu profites de la vie et de la musique. Tu t’éclates. Tu oublies les petits tracas. Tu t’évades le temps d’une séance de rock. Tu te dis alors que la curiosité à bien fait de te piquer il y a trois ans. Déjà trois ans que tu apprends, tu découvres, tu t’amuses dans cette salle. Tu partages. Tu ris. Tu vis tout simplement. Allez, un pas de côté, le penché, un sourire gravé…

Jour 6 : Salive

    Une journée ordinaire. Les cours, un moment des plus classiques. Un peu répétitif, mais toujours de nouvelles choses à apprendre. Puis un professeur absent, du temps libre alors. Pourquoi ne pas en profiter pour aller s’égarer un peu ? Faire prendre l’air aux esprits en surchauffe dont les neurones sont un peu trop sollicités ces derniers temps.

 

    Un petit tour par le centre. Une amie tire le bras de l’autre. Une entrée dans une boutique. L’une semble déboussolée tandis que la seconde a une idée derrière la tête. Les suivant leur petit groupe d’amis un peu perdus eux aussi.

 

    Une boule d’énergie dans le magasin. Trois objets ou peut-être quatre d’attrapés et voici la victime prise au piège de la cabine. Les spectateurs entendent des paroles de protestation. Puis une personne se dévalorisant. Elle n’aime pas vraiment s’apprêter. Elle se sent ridicule, comme si elle portait un costume. Et pourtant, si avant de repartir se changer, elle avait simplement tourné la tête, elle aurait pu vouloir des yeux grands ouverts, la regardant l’admirant et parmi ces personnes un petit cœur piqué par cupidon lui avait la bouche ouverte, le souffle coupé… peut-être doit-on l’aider à redescendre sur terre.

Jour 5 : Poulet

    Petit enfant deviendra grand. Un jour, il prendra son envol et quittera le cocon familial. Il espérait découvrir le monde, y contribuer, laisser sa marque. Il se mit alors à rêver de l’avenir qui s’offrait à lui. Quelle carrière pourrait l’accueillir ?

 

    Il décida de changer les règles. De partir avant l’heure. Il partit d’un pas fier. Sans savoir où sa route le mènera. Il prit le chemin de la vie aussi douce que cruelle. Il ne se sentait pas vraiment à sa place dans les grandes villes. Tous ces gens, sans un sourire, semblant l’ignorer, il se sentait rejeté. C’est alors qu’un homme lui offrit ce qu’il n’avait pas eu depuis qu’il avait fui son foyer, un peu d’attention. Notre petit fut tout joyeux et se laissa avoir par les mots enrobés d’une touche sucrée. Il se laissa attendrir par les paroles du manipulateur. Le renard se révéla alors, mais il était trop tard pour notre coq devenu poulet dans les yeux du prédateur.

Jour 4 : Sortilège

    Lorsque l’on parle de sortilèges, beaucoup pensent à la magie. Celle des contes pour enfants ou dans les illustres romans. Elle peut être blanche ou noire. Des incantations complexes ou de simples petits sorts. Et pour être lancés, seul un magicien, une sorcière ou une fée est désigné. Certains sont difficiles à prononcer d’autres nécessitent l’utilisation d’une baguette. Mais dans la vie tout peut-être magie. Nous n’avons pas à aller jusque dans les livres pour être ensorcelés.

 

    Les mots d’une plume peuvent nous faire chavirer. Ils ont le contrôle des émotions. L’écrivain écrit et le lecteur imagine la scène qui se dessine sous ses yeux. Il partage des sentiments, de la tristesse, de la joie. Qui n’a jamais eu le cœur qui bat un peu plus fort, les yeux rivés sur la page, sur les mots noircis, ne voulant plus lâcher l’objet dans les mains, ne voulant pas raté une seconde de ce récit prenant ? Écrivain rime avec magicien, celui des mots qui nous transportent. Merci à vous.

 

    Même si vous ne lisez pas, vous avez sûrement déjà été charmé par un paysage, par une musique, une personne, un animal. Regardez cette boule de poils, on dirait une peluche. Et ce couple de danseurs, cela donnerait envie de faire de même. Qu’est-ce que j’entends ? Un violon, quelle douce mélodie qui m’attire dans ses bras comme Morphée dans le royaume des rêves. Royaume de la magie et de l’imaginaire.

Jour 3 : Rôti

    Je me réveille. Je m’étire. Sur le sable chaud, je m’étais endormi. Une drôle de sensation sur moi. Je me relève, doucement. Je troque mes lunettes contre celles de l’eau. Et je pars rejoindre la mer à quelques mètres. Elle est fraiche. Cela fait du bien. Je m’enfonce un peu plus loin. Des chevilles jusqu’au torse, je suis presque recouvert. Les lunettes protégeant les yeux, j’hésite une seconde avant de mettre la tête sous la surface.

 

    Je nage. Je m’éloigne tranquillement. Puis, au fond de l’eau, je vois un point lumineux. Horizontale à verticale, mon corps change d’orientation. Je me dirige vers cet objectif nouveau. Ce détail du fond qui m’attire à lui. Autour de moi les poissons font une ronde. Un tube dans lequel je m’engouffre. Je touche le sable et la curiosité du bout des doigts. Je l’observe toujours entouré de poissons. Un plat qui était posé là comme attendant qu’on le prenne. Une assiette, des couverts, et au centre, cuisinée une dorade rôtie à souhait. L’odeur remplissait l’océan. Et…

 

    – Aller debout c’est l’heure…

 

    Je me réveille, poussé dans la réalité. Une odeur de rôti arrive à mes narines, fort heureusement, je n’étais plus sous l’eau, mais plutôt tête en l’air. La prochaine fois je n’oublierai pas mon chapeau.

Jour 2 : Tranquille

    Face à la mer, les pieds dans le sable chaud. Je suis simplement posé là. Je regarde les vagues qui s’écrasent sur les rochers. Je les regarde sur la plage s’étaler. Les enfants dansent avec elles. Les esquivant pour certains, sautant à pieds joints pour tenter de les attraper pour d’autres. Je les regarde faire tandis qu’à mes côtés un grand-père vient se poser. Avec une cane comme troisième pied. Il observe le paysage. Il sourit retombant doucement dans les souvenirs d’antan. Il se souvient s’être déjà assis là près de moi. Il n’était point seul cette fois-là. Fiancé au bras, ils avaient regardé avec moi le soleil se coucher. Je voyage dans le temps et dans les souvenirs des gens qui prennent le temps de se poser à mes côtés. Qui reprennent leur souffle ou qui viennent juste se poser pour discuter. Certains sont seuls et silencieux, d’autres, au contraire, en groupe et joyeux. Se posent et se détendent. Je me souviens de mon ancien coin. Un coin reculé d’un parc.

 

    Un endroit des plus calmes. Un lieu rêvé pour les amoureux voulant s’évader. Un endroit où l’on pouvait lire le journal en retrait. Se poser quelques minutes avant de repartir courir. J’ai été témoin de disputes et de rencontres. De changements et d’annonces. Les habitués toujours à heure fixe pour me saluer et les voyageurs une fois de temps en temps, venaient passer le temps. Puis l’on m’a déplacé. Remplacé par un autre. J’ai atterri sur la plage. Un coup de neuf dans mes habits. J’étais de nouveau posé. Le cadre en tout point différent, mais tout aussi reposant. La journée mouvementée, mais la soirée était bien différente. Je n’étais pas souvent seul. Les amoureux de paysage et de calme venaient m’accompagner et chaque soir, assis les pieds dans le sable chaud, j’observais le soleil se coucher. Moi, le banc de la plage des oiseaux.

Jour 1 : Toxique

    Marcher dans les rues. Marcher dans la ville. Se balader au rythme des saisons. Se balader, avancer à l’unisson. Une odeur dans l’air. Que faire ? Une odeur qui remplit mes poumons. Vite, fuyons. Courons loin de la zone urbaine. Cherchons un endroit plus naturel. Des bâtiments à perte de vue. Pas un seul arbre sur l’avenue. Des nuages gris à hauteur d’homme. Des hommes aux allures monotones. Les odeurs ne semblent perturber personne. Dans ma tête, les bruits résonnent. J’étouffe à mesure que j’avance dans la foule. Je disparais, aussi insignifiant qu’un grain de semoule.

 

    Je manque d’air. Je cherche l’air. Je m’écarte. Je m’échappe. Je fuis à contre-courant. Je me fais mon chemin maintenant. Cette ambiance grise et monotone, cette ambiance pesante et monochrome. Celle de la ville qui nous fait nous éteindre doucement. Celle des grandes villes aux travails prenants. Je cherche un coin coloré. J’oublie le gris pour m’évader. Je garde ma couleur. Je cherche la douceur. Un jardin sur mon chemin. Une pancarte direction le parc. Ici, les enfants jouent et rient. Les couleurs enchantent les vies. Le gris poison remplacé par les couleurs passions. Les artistes s’expriment. Les enfants dessinent. Les gardiens passent leur tour. Les rêveurs oublient le jour. Une bulle au milieu de l’océan. Un abri contre le vent.

 

    Évadons-nous dans ce lieu.

    Entrons dans le jeu.

    Oublions le gris autour.

    Viens danser ce jour.