Chapitre 0 : Imagine

    Bonjour noble lecteur et bienvenue dans le monde d’Enigami. Un monde ressemblant à ceux que vous connaissez déjà. Un monde fantaisie où vivent trolls, gobelins ou encore elfes et nains. Un monde où la magie circule en chacun et où chaque être possède son propre don. Un monde fantastique où la seule limite est celle de l’imagination. Entrez donc, et suivez mes mots.

 

    Mais avant de vous raconter l’histoire d’une jeune fille particulière, laissez-moi vous expliquer quelques petites choses sur ce monde un peu spécial. Enigami est divisé en plusieurs régions, chacune possédant sa propre caractéristique. La région Tabmoc, par exemple, regroupe une majorité de combattants et les forme à la protection des habitants. Celle d’Eriatnemele, elle rassemble les mages élémentaires des contrées pour leur enseigner la maitrise de leur magie.

 

    Généralement, chaque être possède un don et se voit attribuer une école en fonction de celui-ci pour l’aider à le développer et faire de lui un membre de la société. Bien souvent, à la suite de leur formation les jeunes diplômés vont vers les villes au centre du monde dans la région d’Etisrevid pour participer à la vie active. Certains décident de devenir à leur tour professeurs ou alors de remplir une fonction dans une région annexe. Heureusement que ceux ayant le don de la nature et les dons médicaux voyagent dans toutes les régions sinon, nombres problèmes resteraient.

 

    En plus de ce don, il existe les marques. Elles sont rares, mais confèrent à celui ou celle qui la porte un autre don souvent très ancien. Chaque marque est unique, mais malgré la force quelles donnent à leur porteur, elles sont aussi un fardeau lourd à porter. Certaines sont liées à des malédictions, d’autres à des prophéties. Certains porteurs sont parfois exclus de leur communauté suivant la forme des marques à cause de légendes. Les porteurs qui réussissent à réveiller leurs marques sont nombreux, mais ceux qui arrivent à la maitriser sont rares. Il n’existe pas d’école, pas de formation, pas de livre,… enfin seulement ceux d’histoire.

 

    Et c’est à la lecture d’un de ces livres d’histoire que commence notre histoire. Le jour où la jeune Mathilda, se penche au-dessus de cet imposant ouvrage et où elle comprit enfin ce qui lui arrivait… Mais revenons quelque temps en arrière que je vous explique qui est cette jeune demoiselle dont nous allons suivre les aventures…

Prise de conscience du loup

    Des images floues. Des actions incontrôlées. Il est là. Il est maître.

 

    La cabane n’avait pas résisté cette fois-ci. Ou plutôt la porte avait mal été fermée.

 

    Il est libre. Il sent le vent dans son pelage. Le voici qui s’approche du chalet. Il s’avance. Il suit l’odeur. Il s’acharne pour entrer. Sans succès. Il tente encore et encore. Rien n’y fait.

 

    Il contourne le lieu. Il essaye diverses entrées. Rien. Puis une odeur vient à ses narines. Une douce odeur. Il se lèche les babines. Il suit le doux parfum humain. Parfum mêlé à une touche animale. Il le traque.

 

    Il renifle l’odeur. Il avance pour la rejoindre. La faim monte en lui. Elle se fait de plus en plus forte. Elle augmente au fur et à mesure qu’il se rapproche de son futur repas. Il le sent. Il n’est plus très loin.

 

    Au détour d’un arbre, un bipède. Il se lèche de nouveau les babines. Il prend quelques secondes pour trouver ses appuis. De courtes secondes avant de sauter sur sa proie. La faisant tomber à la renverse.

 

    Elle le repousse. Réussi à se relever non sans mal. Oh douce odeur du sang. Elle vient lui chatouiller les sinus. Elle lui ouvre encore plus l’appétit. Juste un croc. Un seul petit croc. Il a tellement faim.

 

    Un bruit à ses oreilles. Suit un sifflement. Tu n’es pas totalement en retrait. Tu peux reconnaître la voix de maman. Malgré les sons qui t’attaquent, tu reconnais sa voix. Ne pas attaquer, tel est-ce que tu te répètes à l’intérieur. Tu n’as pas d’emprise. Tu ne peux rien faire. Tu cris d’arrêter, de changer de direction.

 

    Un instant de conscience avant de retourner à l’arrière-plan. L’animal part en courant. Il fonce au travers des arbres. Il les esquive rapidement. Il s’enfonce dans la forêt. Il s’éloigne…

 

    Au matin, maman t’a retrouvé loin du chalet. Elle a ramené ton petit corps épuisé à la maison. Tu as dormi deux jours de suite. Mais maman est toujours là. Des petites griffures dans le dos, mais bien vivante. Tu lui dis alors à ton réveil que tu feras ton possible pour le contrôler… Un espoir. Une lumière au milieu de la nuit.

Le monde des rêves

    Bienvenue gentil voyageur, 

 

    Malheureusement, le téléporteur pour aller dans le monde des rêves a pris un peu de retard dans sa construction. Enfin du retard pas vraiment. Le départ est prévu dans quelques jours. Donc ne vous inquiétez pas, il sera prêt dans les temps.

 

    En attendant, des textes vous attendent dans Mots et Vracs.

 

    Mais comme vous êtes un peu curieux, je vais vous révéler le début de l’histoire. Il faudra garder le secret, cela reste entre nous…

 

    Bienvenue noble voyageur,

    Vous venez d’arriver dans le monde des rêves et du temps. Un monde où les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être et où le temps s’écoule à sa manière. Mais, je ne vais pas trop vous en dire cela gâcherait la surprise.

   

    Vous êtes ici car une mission vient de vous être confiée. Enfin, disons plus justement que vous vous êtes auto-confié cette mission.

 

    En effet, il y a quelques jours, votre meilleur ami s’est retrouvé prisonnier dans ce fameux monde des rêves. Ce monde sans fin. Vous avez alors entrepris des recherches dans le but de le sauver.

 

    Lors de ces recherches, vous avez lu un conte parlant d’une légende et d’un artefact magique. Un artefact ayant le pouvoir de relier deux âmes. Il suffisait simplement de penser à une personne et l’objet faisait le reste. Plutôt simple, vous ne trouvez pas? Après vous n’avez pas plus d’informations, comme si les documents sur le sujet n’existaient plus.

 

    Mais s’il y a une chance de sauver votre ami alors vous la saisissez. Vous prenez votre courage à deux mains, un petit téléporteur (pour voyager entre les mondes c’est peut-être mieux), et votre bonne volonté pour aller chercher cet artefact dans le monde des rêves, le même où votre ami est perdu.
Vous voici alors aujourd’hui, à parcourir les terres du monde des rêves jusqu’à la région Temporis, région où…

 

    Tout ne va quand même pas vous être dévoilé tout de suite. Patience, patience, jeune voyageur. Le départ est pour bientôt…

 

 

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Petite Plume (partie 3)

    Tu l’imagines un peu plus. Tu sens qu’un petit quelque chose est né. Ce rêve dernier ne t’a pas laissée indifférente. Tu te plais dans les images. Tu aimes raconter. Seulement deux et te voilà mordue. Déjà à l’école, tu étais la conteuse. Aujourd’hui te voici tisseuse.

 

    Le messager a un peu de retard. Tu espères que rien n’est arrivé à la jeune rêveuse. Tu ne sais pas qui elle est. Mais tu l’imagines jeune femme. Un pressentiment. Une intuition. Tu ne sais pas trop. Les anciens tisseurs n’ont pas pu le savoir. Tu n’as pas d’indices.

 

    En pensant aux indices, tu perds à tenter de deviner ceux du jour. Un nouveau casse-tête. Tu ne sais pas sur quel pied danser. Tu ne sais pas si cela a pu lui plaire. Et alors que tu commences à douter, arrive le messager, comme pour te signifier d’arrêter de t’auto dévaloriser.

 

    Une grande inspiration. Un jour tu t’y habitueras peut-être. Devant le grand livre, tu te tiens. Les mots se dessinent. Une photographie en noir et blanc. Le bruit de la pluie. Un cœur brisé. Et dans un coin, tu remarques que l’image de Max revient. La même image que la rêveuse avait dessiné dans son esprit la nuit passée. La même personne que tu avais évoquée. Tu ne sais pas vraiment comment le prendre. Ni quoi en faire. Tu te dis que peut-être, il y avait des éléments de la fois passée à reprendre…

 

Rêve troisième : « Une goutte d’encre »

Éléments : Photographie en noir et blanc, Bruit de la pluie, Un cœur brisé, Max

 

    Marcher. Toujours. Encore. Dans les rues. Dans les prés. Dans la ville. Dans les champs. Une forêt. De buildings ou d’arbres. De la vie, des animaux ou d’autres hommes. Cherchant sa voie, elle s’aventure et marche. Zigzagant dans le dédale de la vie. Cherchant une sortie, elle se perd et oubli. Parfois se rappelle, relève la tête et sourit. Une petite touche de gris

 

    Au-dessus d’elle toujours le même ciel gris. Une teinte sans pareil qui s’assombrit quand les jours se ternissent, quand la vie ne fait pas de cadeau. Une teinte s’éveille, tirant sur le plus clair dans les moments plus doux, ceux qui acceptent le repos. Un nuancier au-dessus, un nuancier dans les rues. Les diverses teintes se mêlent et s’enchaînent. Une certaine harmonie dans ce monde gris.

 

    Pas de noir. Pas de blanc. Pas d’extrême. Dans les nuances et dans les âmes. Rien de plus. Rien de moins. Un monde où on pense à chacun. Dans le gris une certaine égalité. Une certaine beauté ensorcelle. Elle enchante notre dame. Elle s’avance. Pas à pas. À coups d’idées et de rêves. Les pieds sur le trottoir gris, elle s’éloigne, part retrouver ses amis. Mais le ciel est gris.

 

    Au détour de la rue, un parc. Elle s’y aventure. Elle aime observer les oiseaux argentés. Dessiner des ronds dans l’eau plus pastel que le ciel. S’allonger dans l’herbe au gris vif comparé à celui de la terre plus neutre et sombre. Elle joue avec l’ombre. Se cachant tel un enfant. Des nuages foncés couvrant la voûte au-dessus de sa tête. L’innocence la prenant. Elle ne fait pas attention que sur le sol s’écrasent des gouttes de gris.

 

    Une à une. Elles tombent. Une à une. Elles touchent l’ombre. Une teinte plus sombre sur le parc. Un voile plus terne sur les âmes. Vivre un monde de gris, les humeurs au rythme de la vie. Une météo impactant plus que raison. Certaines saisons éclaircissant la nature. D’autres ternissant les peintures. Quand on se plait à imaginer un monde moins uniforme. Un peu de pluie nous rappelle que la vie n’est faite que de gris.

 

    Et pourtant, la dame sourit. Son âme claire brille dans sa lumière. Elle entrevoit le rayon de soleil. Oubliant ses amis l’espace d’un instant. Elle marche en souriant. Avançant vers ce point. Ce jet de lumière qui semble lui pointer un but. Un seul but. Elle accélère le pas. Peur que la lumière s’éteigne. Elle commence doucement à disparaître. Laissant place au sombre gris.

 

    Arrêt. Déception. Trop d’espoir. Tête baissée. Laisser la pluie tomber. Elle qui pensait que cela pouvait changer. Une simple lumière pour un rêve maintenant éteint. Elle traîne des pieds. Ne sachant où elle est. Elle se perd. S’oublie. Marche sans savoir où aller. Tout se ressemble. Tout lui semble identique. Les nuances se mêlent. Bienvenue dans le monde gris.

 

    Soudain sous ses yeux, une rose. Un gris sombre. Regard dans le regard opposé. Un individu au costume original. Elle ne l’a jamais rencontrée. Elle en est sûre. Elle n’arrive pas à le décrire. Quelque chose en lui semble irréel. Elle ne connait pas cette nuance. Elle hésite à prendre la grise fleur. La personne face à elle à ce quelque chose à elle se dégageant. Elle tend alors la main. Et soudain, la fleur prit la même teinte que le nœud papillon du costume. Mais quel est ce gris ?

 

    Elle ne comprend pas. Mais ne peut lâcher la fleur. La transformation s’opère. Elle s’émerveille devant une telle beauté. Une nouvelle teinte pour compléter le nuancier. Elle ne sait pas ce qui se passe. L’individu lui tend alors la main. Elle n’hésite pas. Elle veut en savoir plus. Elle l’attrape. Il l’entraîne à sa suite. Courant un peu puis se retournant. Levant les bras. Lui montrant la rue aux teintes modifiées. Lui murmurant un simple mot à l’oreille. Couleurs.

 

    Couleurs. Elle le répète. Sans savoir ce qu’elle dit. La personne qui n’est autre que Max lui apprend alors. Elle lui montre. Et ensemble, ces personnes s’amusent à recolorer le monde à l’aide de pinceaux imaginaires. Notre dame redécouvre la vie. Se demande si cela existait depuis tout ce temps. Pourquoi elle ne l’avait pas vu avant ? Devant elle dansent les couleurs.

 

    Elle rit. Le monde se colore. Du rouge. De l’oranger. Du pourpre. Des couleurs chaudes. Du bleu. Du vert. Du mauve. Des couleurs froides. Celles de la nature. Celles de la ville. Celles tristes et celles qui donnent envie de sourire. Certaines aimées d’autres moins. Des mélanges infinis. Une ronde. Autour d’elle, change le monde. Il s’anime. La vie par les couleurs.

 

    Elle a encore tant de choses à apprendre. Tant de choses à voir. Un nouveau rêve se dessine loin du gris. Il joue avec les couleurs. Ce nouveau mot regroupant tellement de possibilités. Dans un monde où il n’y avait qu’un seul nuancier. Maintenant, elle le voit dans son entièreté. Elle marche sans se perdre. Chacun est unique sans tout ce gris qui les rend si semblables. Elle qui se cachait dans son gris. Elle vit aujourd’hui dans la couleur.

 

    Elle tourne sur elle-même. Perdue dans ses pensées. Rattrapée de justesse par le messager coloré. Celui qui lui a montré. Celui qui a fait valser le filtre gris de son âme. Elle le voit lever les yeux vers le ciel. Elle fait de même. Et, au-dessus de leurs têtes, les nuages s’écartent. Ils laissent place à une illusion de la nature. Un brin de poésie. Un soupçon de magie. Car dans le ciel. S’élève un arc-en-ciel. 

 

Réveil.

 

Chute dans un autre Univers

    – Scène 2, prise 3

 

    Quelques mots. Bientôt la fin de tournage. C’était l’avant-dernière scène. La suivante sera pour moi. La dernière cascade avant les vacances. Même si pour moi, travail et vacances se mêlaient. Surtout depuis que je travaillais comme doublure au cinéma. Un acteur qui trouvait une scène trop dangereuse, c’était pour moi. Une vraie partie de plaisir. Un goût du risque jamais rassasié qui m’avait poussée à choisir ce métier.

   

    Cependant quelques fois c’était devant les blouses blanches qu’il me conduisait. J’étais même devenue amie avec certaines personnes du service à force de leur rendre visite après le boulot. Et entre les cascades et les sports extrêmes, ils me voyaient souvent, un peu trop au point qu’ils m’avaient proposé de loger à l’hôpital. Proposition que je déclinais bien sûr en leur disant que je ferais plus attention la prochaine fois.  

 

    Mais cette fois-ci, lorsque j’avais vu le scénario. Je n’avais pas hésité une seconde. Un film qui promettait d’être grandiose. J’entraînais l’actrice que je doublais aux arts martiaux tandis que je m’attelais aux scènes classées à risque.

 

    – K. c’est à toi. Clôture-nous ce film en beauté, cria une personne qui se trouvait en bas.

 

    Je souris au cameraman qui m’avait accompagné, mais aussi à l’actrice que je remplaçais qui se tenait à ses côtés. Je mis mon casque et fermai ma veste en cuir fétiche qui ressemblait à deux gouttes d’eau à celle du personnage que j’incarnais. Un coup de chance. Le lecteur dans la poche. La musique se déclencha. J’étais prête. J’étais dans mon rôle.

 

    Je rejouais une dernière fois la cascade dans ma tête. Aller en un coup je pouvais le faire.

 

    – Scène 3, prise 1

    Et

    Action

 

    C’était le top départ. Un clin d’œil à la caméra. Je me retournais et courus bras devant la tête sur la vitre devant moi. Elle se brisa instantanément. Me voici dans le vide. Libre avec ma musique. Un court instant de répit. Je ne pensais plus. Je profitais.

 

    Impact dans Trois. Deux…

    Vide.

    Drôle de sensation.

    Mal de crâne.

    Nausée.

    Lumière.

    Noir.

 

    Doucement je me réveillais. Bougeant le bout des doigts un peu engourdis. Les paupières lourdes. Une tête à taper contre les murs. Je repensais à ce qui avait bien pu se passer avant que je m’endorme. Les symptômes d’une soirée trop alcoolisée, mais je ne buvais plus. Enfin pas depuis que je travaillais.

 

    Le travail. La dernière cascade. Des souvenirs. La chute avait dû être rude. Mais la prise sûrement bonne.

 

    J’ouvris les yeux, tandis qu’une voix vint à mes oreilles. Je ne reconnaissais point l’infirmier. Mais qui ? Oublions-le qui. Mais pourquoi ? Où étaient les autres ? Avaient-ils pris un nouveau sans me prévenir ? J’étais un peu déçue. La tête encore un peu dans le brouillard je pris tout de même la parole.

 

    Enfin, c’était ce que je voulais faire avant que les dernières paroles du jeune homme ne m’arrivent aux oreilles. Qui je deviendrais ? La question que j’aurais voulu lui poser se changea alors en réponse.

 

    – Celle qu’on me laissera devenir. La question à poser serait plutôt qui voulez-vous être ?

 

    Je marquais une courte pause attendant une quelconque réaction du soignant avant de reprendre.

 

    – Et vous mon cher, qui voulez-vous être ?

 

    Une nouvelle attente. Plus brève. De nouveaux mots qui se glissent et s’envolent.

 

    – Cette chute m’en ferait presque oublier mes bonnes manières. Je me nomme Mathilda. Mais appelez-moi M.K. comme les autres du service. Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis solide c’était qu’une petite chute je m’en remettrais vite. D’ailleurs regardez je me sens déjà beaucoup mieux.

 

    Joignant le geste à la parole. Je me redressais. Soudain je sentis mon corps partir un instant avant de revenir. Une sensation de nausée. Une réaction plus violente que prévu.

 

    – Ou peut-être pas, murmurais je pour moi.

Entre piraterie et magie

    Orpheline, depuis le plus jeune âge, j’appris à me débrouiller par moi-même. À apprendre de mes erreurs. Petite fille aux formes peu présentes. C’était en habits de garçon que j’avais réussi à monter à bord du « Jane Doe ». Un navire pirate qui sillonnait les mers à la recherche de trésors de toutes sortes. Un vaisseau d’hommes aux multiples talents. Dans la soute, je m’étais cachée. Un seul but en tête : fuir l’orphelinat. Si l’on pouvait appeler ce lieu d’exploitation, un orphelinat. J’avais échappé de justesse au gardien puis j’avais couru jusqu’au port.

 

    La chance avec moi, un bateau était à quai. Déjouant la surveillance du mousse endormi, je m’étais faufilée. Ne sachant pas ce qui pouvait m’attendre lorsque je serais découverte. Je tentais de me camoufler au mieux. Un garçon manqué de dix années à peine sur un navire pirate. Une belle blague à laquelle je préférais ne pas penser. Je pouvais les entendre s’agiter sur le pont. Je sentais que l’on bougeait doucement. J’avais enfin réussi. Mais le voyage venait seulement de commencer. J’allais devoir être prudente si je ne voulais pas que…

 

    Trop tard, en boule dans mon coin, déconcentrée par un bruit, je n’avais pas fait attention qu’une personne dans la zone des provisions était entrée. Par le col, on me redressa avant de me décoller du sol en m’attrapant par la taille. J’essayais de me débattre sans succès. Le capitaine appelé, je savais que mon chemin était maintenant terminé. La liberté fut de courte durée. Lancée sur le sol. Je ne bougeais plus, attendant simplement mon châtiment. La planche ou la plonge ? Des pas. Tête baissée. Assise. Ma fuite avait-elle vraiment valu le coup ?

 

***

 

    Dix ans plus tard, je sillonnais les mers. Artificière, mécanicienne, pirate, jambe de métal, lame d’acier, fille de la capitaine, j’avais hérité de bien des surnoms en dix années. Je m’étais fait un nom au sein du petit groupe de pirates. Passant mes journées à réparer des armes à feu ou les canons, à les améliorer avec les moyens à disposition. J’essayais aussi à m’habituer comme je le pouvais à la perte de ma jambe.

 

    Un coup de canon. Une bombe. De lourdes pertes dans nos rangs. Mais une victoire au bout du compte non sans y laisser quelques plumes. J’y avais perdu une jambe, mais aussi des amis. Des membres de ma famille des mers. Cependant, cela ne nous fit pas baisser les bras pour autant. Nos têtes mises à prix sur les continents. Nous voguions au grès du vent suivant l’odeur des trésors. Capitaine toujours à la barre. Elle était comme une mère pour moi.

 

    Une mère poursuivit par la couronne. Je ne connaissais pas les raisons exactes. Personne n’avait jamais voulu m’en parler. Enfin si. J’avais une solution pour découvrir la vérité. Battre la capitaine en duel. Alors je m’étais entraînée, tout en réparant et améliorant les machines, armes et autres jambes de métal.

 

    Ce jour-là, j’avais décidé de tenter de nouveau ma chance. Cependant, le sort en avait décidé autrement. Alors que le duel venait de commencer, un bateau de corsaires fit son apparition. En peu de temps nous avions été vaincus. L’équipage réduit de moitié était maintenant enfermé dans la soute du « Queen Mary ». La capitaine était trop blessée pour qu’ils prennent la peine de l’emmener. La laissant sombrer avec son navire pour reprendre leurs mots. De mon côté, les liens me serraient les poignets, me les brûlant à chaque fois que je tentais de m’en défaire. Il y avait bien une petite lueur d’espoir. Espoir d’attraper de nouveau cette liberté dont on venait d’être privé. Mais nous ne pouvions pas agir pour l’heure. Il fallait attendre que les gardes ne soient plus devant nous.

 

    Les corsaires étaient fiers. Ils étaient descendus. « Ravitaillement » sur la première île venue.

 

    Une fois la nuit tombée, je décrochais un petit outil de ma jambe. Puis j’entrepris l’ouverture de la cellule, les deux mains toujours liées sans me rappeler sur le coup que j’avais soigneusement rangé une lame dans cette même jambe en cas de problèmes. Je n’avais pas la seule à mal avoir été fouillée. Un de mes amis sortit une dague puis alla détacher tout le monde.

 

    Après quelques courts instants, nous étions libres. Certains étaient allés vers la réserve tandis que d’autres prenaient la fuite. J’avais opté pour la première option dans le but de trouver mes outils. Je les avais vus les prendre quand ils avaient pillé notre navire. Je trouvais rapidement le lourd et grand sac caché dans un coin.

 

    Une fois sur l’épaule, la sortie s’annonça plus difficile que prévu. Les gardiens étaient de retour armes à la main. Premier avertissement. Premier tir dans la jambe. Mauvaise pioche. Un sourire aux lèvres. Sabre attrapé au vol, je fendis les airs puis un des membres de mon adversaire. La lame rougit. Petit groupe se faufilant esquivant les coups. Soudain une faille. Poussée par mon ami. Un regard entendu. Je rangeai mon arme et courus. Courir à en perdre haleine.

 

    Une course boiteuse. Direction la passerelle. Direction la forêt. Repli obligatoire. Des balles dans ma direction. Touchée par certaines. Ralentie par les blessures. Ralentie par ce sac de matériel un peu trop lourd.

 

    Dans la nature je m’enfonçais. Suivant la voix en moi ou dans les airs. Comme guidée. Comme si une voix m’appelait. Je me sentais attirée. Oubliant la douleur. Oubliant la peur. Oubliant les agresseurs. Je marchais. Pas mécanique. Forces m’abandonnant petit à petit. Soudain, face à moi une silhouette m’arrêtant. Je m’évanouis. Où avais-je encore atterri ?

 

***

 

    Vingt troisième anniversaires en approche. Clic clac. Je rentrais chez moi. Une longue matinée venait de passer. Beaucoup de réparations. De tous les côtés. En trois ans je m’étais fait une place dans ce village. Dans la forêt perdue. Je sortais rarement. Les seules fois où j’avais essayé, je m’étais perdue dans la nature. Sans pouvoir retrouver mon chemin. Même en allant toujours tout droit, je revenais toujours à mon point de départ. J’avais depuis lors abandonné l’idée de fuir.

 

    L’on m’avait offert l’opportunité de faire mes preuves. Reprenant l’atelier et cabane d’un ancien artisan qui était parti. Un mini paradis quelque peu poussiéreux. Mais le matériel présent était impressionnant de par sa diversité. À celui existant, j’ajoutais le mien. Travaillant chaque jour à m’améliorer. À améliorer ma jambe et ma prothèse à l’épaule. La balle logée en celle-ci ayant affecté son fonctionnement.

 

    La fille de métal, voici mon doux surnom dans ces lieux au cœur de la nature. Pour des autochtones à l’égard de la civilisation depuis des générations. Ils avaient des connaissances très pointues sur différents domaines. Certains se disaient éclairés par les arbres et oiseaux dans leurs travaux. Pour ma part, je ne savais pas comment voir cette forêt. Comme une entité éprise d’une vie ou sans celle-ci. Qui ? Quoi ? Quel était le mystère autour de cette île ? Le découvrirai-je un jour ?

 

    Pour l’heure, je somnolais dans un hamac au centre de l’atelier. Atelier que j’avais arrangé à ma façon. Mon petit chez moi. Il n’était pas très grand, mais assez fonctionnel dans son bazar. Tout à coup une voix, mon prénom. Je fus alors réveillée en sursaut. Je faillis même en tomber. En perdre l’équilibre. Je descends de mon perchoir pour rejoindre la voix. Le chef du village me demande de me préparer. J’allais participer au ravitaillement. L’occasion pour moi de « trouver » quelques matériaux et outils. On ne se refaisait pas.

 

    Retournant rapidement à l’atelier, je cherchais de quoi me préparer. Des habits un peu moins abîmés pour passer un peu plus inaperçus. Ne sachant pas si les membres du « JaneDoe » étaient toujours recherchés. Je devais me fondre dans la masse. Devant mon bout de glace, j’ajustais mon chapeau de corsaire. Peu volumineux. J’incrémentais ma tenue avec un foulard autour du cou. Assez grand pour pouvoir le relever sur mon visage. Mes formes camouflées par des vêtements un peu trop larges, non cintrés. Une chemise blanche, une veste, celle que je portais sous le commandement de la capitaine, un pantalon. Grande ceinture pour y accrocher mes armes. Des hautes bottes, jambe de métal maintenant invisible.

 

    L’heure du départ. Il ne fallait pas que le guide parte sans moi. J’étais incapable de me retrouver dans cette nature. Je ne comprenais en rien la structure de cette île, comme si elle bougeait, elle parlait, elle vivait. Sac sur l’épaule je suivais le petit groupe. Droite, puis gauche. Le chemin semblait des plus simples. Semblait simplement. Même en pensant le reproduire, je n’étais point capable de revenir.

 

    La ville devant nous. Maintenant, l’heure de se séparer. Quelques petites heures hors de la forêt. À la tombée de la nuit, nous nous retrouverons à la taverne. Mon but en attendant ? Trouver de quoi remplir un peu plus mon « atelier », mais aussi de quoi réparer divers objets.

 

    L’artisan de la petite ville commençait à me connaitre. Il n’avait pas grande clientèle ces derniers temps. Il parlait des navires qui fuyaient, de la couronne qui nous abandonnait. Je le laissais parler sans vraiment l’écouter. Pièces sur la table. Outils et matériaux dans mon sac. La conversation laissant place à la négociation. Il était dur en affaire. Mais je réussis à avoir un bon prix.

 

    Négociant principalement pour la forme. Puis sortant en bousculant quelques rares nobles marchant dans les rues. Marchant vers un but. Comme s’il y avait un rassemblement. Je n’y prêtais pas plus attention que cela. Voulant profiter de ce court passage en ville pour boire un coup comme autrefois.

 

    Vers la taverne, je me dirigeais. Baissant légèrement mon chapeau. Ajustant mon col et mon foulard. Même si les corsaires et autres voyageurs étaient de moins en moins présents, ils étaient toujours quelques rares à s’échouer par ici. Tenant à ma liberté, je préférais rester un minimum cachée.

 

    Je m’installais au bar. Un clin d’œil à la serveuse. Une boisson apportée avec le sourire. Je commençais alors à flirter avec elle. Lui contant les histoires des mers.

 

 

 

En quelques mots :

Minacy Kayla alias Mike est une jeune femme de 23 ans rêvant d’aventure et de liberté. Au look androgyne, cette ex-pirate s’est longtemps entraînée sur le pont d’un navire nommé le « JaneDoe » préférant les armes blanches aux armes à feu. Cependant, durant une des attaques, la brune aux yeux émeraude perdit sa jambe gauche qu’elle remplaça par un membre mécanique de sa création. Pleine de ressources et aimant bouger, cela fut compliqué pour elle lorsqu’elle fut touchée par balle à l’épaule et qu’elle apprit qu’elle ne pourra plus l’utiliser au maximum de ses capacités. Elle se bricola alors un mécanisme avec les moyens du bord pour alléger cette épaule qui est toujours douloureuse. Elle aime jouer, se faire passer pour un homme. Son physique androgyne facilitant l’illusion. Mike est alors né.

 

 

Septième Temps

    Chère toi,

 

    Il y a peu je suis tombée sur une boite. Tu sais ce genre de boite dans laquelle, tu as sûrement gardé pleins de souvenirs. Des photos. Des mots. Des dessins. J’y ai retrouvé un mot ou plutôt une lettre. Une lettre d’amour plus exactement écrite durant l’année de CP.

 

    Tu te rappelles de ce moment où tu commences à écrire. Où tu découvres que tu peux mettre par écrit ce que tu ressens, ce que tu vis. Tu as l’opportunité de l’exprimer librement sans jugement. Écriture à la calligraphie hésitante et aux fautes d’orthographe dominantes.

 

    Sur ce mot, ce morceau de cahier, quelques lettres. Une déclaration. Tu te demanderas peut-être pourquoi je l’ai encore. Pourquoi ce papier n’est point dans les affaires de la personne concernée ? Tu remarqueras alors un changement d’écriture et de stylo, tu te dis qu’une personne a répondu sur le même papier. Une réponse dure. Un « moi non ». J’ai mal au cœur pour la petite fille de sept ans. Une grande déception. De la nostalgie.

 

    En fouillant un peu plus. J’en trouve une autre. Datant du collège. Mais celle-là j’en suis sûre. Elle n’a point quitté cette boite. La peur au ventre, je n’avais pas pris le risque. Risque d’avoir mal. Petite fille sensible, timide. Déjà mise de côté, je restais à rêver en secret.

 

    Dans un coin de la boite, une feuille de brouillon. Souvenir d’un devoir d’un côté, lettre à cœur ouverte de l’autre. Un texte. Un nouveau. Une nouvelle période. Le lycée d’après les noms évoqués. Encore une déclaration. Je ne me rappelais plus avoir beaucoup écrit durant ces années-là.

 

    Moment encore renfermé. Coincée de mon plein gré dans ma bulle. Masque porté. Cachant la sensibilité. Mur dressé contre l’extérieur. Une protection. Les textes seuls témoins de l’envers du décor. Peur que quelqu’un ne les lise. Sûrement la raison de leur non-présence. La page retrouvée n’étant rien qu’autre qu’une révélation sans masque. Je l’avais certainement gardé pour la beauté du texte et la description de sentiments sincères.

 

    Par curiosité, la boite fermée. J’ai décidé de ressortir les textes écrits sur le sujet. Ceux cachés dans mon téléphone. Mémos non supprimés. Et alors que je les parcours. Un pincement au cœur. Devant mes yeux, sept textes. Sept temps d’une année qui ressortent. Coup de foudre amenant à une croisière suivie de la première tempête entraînant le naufrage, la dérive et enfin la terre ferme avec devant un nouveau chemin.

 

    Laisse-moi te détailler cela un peu plus. Enfin si tu le veux bien. Le premier, histoire d’un coup de foudre. Personne surévaluée. Un filtre sur les pensées. Le début du chemin et de la ballade. Le second dans la même veine. Même vocabulaire. La promenade continue.

 

    La ballade s’enchaîne, mais des brouillards dans le troisième pointent le bout de leur nez. Un texte d’excuses remplaçant les lettres d’amour. Cœur à vif. Sensibilité touchée de plein fouet. Masque dominant dans le texte suivant. Les sentiments de côté. « C’était ce qu’il fallait faire ». Voilà ce que je me répétais.

 

    Cinquième auprès d’amis, je l’avais partagé. Peu avaient compris la métaphore. Mais de mon côté écrire m’avait permis de me libérer. Cela faisait du bien de poser des mots sur ses sentiments lorsque ceux-ci se font trop importants. Le retour calme dans le mémo de quelques semaines le cadet. Copie d’un message envoyé à une proche. Texte gardé pour la beauté et la sensibilité dégagées. Une période douce. Sans stress. Sans tensions. Les vacances.

 

    Cependant se cachant derrière cette mer d’apparence tranquille, de nouveau les sentiments grandissent. S’emballent et entament le septième temps. Le temps actuel de la danse. Une personne hantant les pensées de nouveau. Sans l’avoir demandé. Sans que je sache pourquoi. Elle a pris place.

 

    Découverte pas à pas des sentiments à travers les discutions et textes échangés. Attachement accompagné d’une crainte. Une réserve maintenant le mur en son rôle protecteur. La peur du renouvellement. Peur d’avoir le même retour que l’enfant ou la même expérience que lors du quatrième temps.

 

    En lisant cela, je remarque que le dernier mémo ne semble point terminé. Alors la petite fille de sept ans reprend la plume pour compléter ce septième temps. Pour étaler ce qu’elle ressent en espérant que ce virage soit le premier d’une nouvelle danse peut-être plus longue que la précédente.

 

    Un « je t’aime » glissé entre les lignes. Aucun nom mentionné. Personne se reconnaissant sûrement ou probablement pas. Texte débouchant sur une lettre qui n’est autre qu’une nouvelle déclaration cachée. Tu sais, même si cela ressemble à une histoire, au travers de certains mots un message tente d’être délivré.

 

    Difficile de se dévoiler de manière explicite. Et même si les paroles n’osent pas franchir les lèvres. Même si les mots ne dépassent pas la frontière de la pensée. Même si les gestes se font réservés. Les sentiments eux se font ressentir et dans les yeux s’expriment sans permission.

 

    Cette lettre fut plus longue que prévu. Mais comme tu le sais, quand on écrit avec le cœur, quand on a envie de dire des choses alors on ne peut plus s’arrêter et les lettres s’impriment d’elles-mêmes. J’espère ne pas t’avoir ennuyée en te racontant ma vie passée et présente. Dans cette lettre que toi seule pourras définir.

 

 

Tu sais qui je suis

Ta partition

    Un bruit au loin. Une sensation de déjà-vu. Un son qui te rappelle des souvenirs. Tu t’en rapproches malgré toi. Tes pas te guident vers ces notes. Tu ne sais pas où cela t’emmènera, mais tu ne peux t’en empêcher. L’impression de retomber dans la ronde des souvenirs. De la joie de la nostalgie. Tu sautilles tandis que tu te rapproches. Tu te sens de plus en plus enveloppé par le bruit de la rue auquel se mêle ce petit quelque chose. Tu as un doute. Tu ne distingues pas clairement ce que cela peut être. Tu hésites. Tu crois reconnaître une guitare. Tu t’avances. Une rue puis une autre. Tu cherches l’origine de cette mélodie des souvenirs qui devient plus qu’un simple bruit au loin.

 

    Soudain tu vois une forme bouger. Au coin de l’allée. Une guitare dans les bras d’une personne que tu connais bien. La silhouette semble danser sur les notes. Un hypnotiseur. Tu te prends alors au jeu. Tu cours vers lui attrapant la guitare dans ton dos. Elle était là depuis le début. Tu ne savais pas au moment de sortir si tu l’utiliserais, mais le moment était le bon. Tu te places à ses côtés. Tu grattes les cordes en rythme. Il en profite pour improviser un solo. Puis tu enchaînes sur le tien. Vous discutez à coup de musique. À coup de notes. À coup de rêves.

 

    Le tempo s’accélère. Tu ne perds pas le nord. Tu rigoles quand l’un de vous se trompe dans une note. Un son différent des autres. Mais tout aussi charmant. De l’originalité naît la différence. Celle qui nous rend tous uniques. Tu utilises maintenant ton instrument comme percussion. Détourner les objets comme l’on peut détourner le mot. Rajouter une nouvelle dimension. Un sens supplémentaire, un degré de plus qui n’est pas toujours à prendre au sérieux. Chacun possède le sien. Chacun avance à son rythme et change les choses à sa manière.

 

    Tu ressens la musique au fond de toi. Le morceau d’avant te donnait envie de chanter et danser. Mais dans celui-ci ta gorge se serre. Un nœud dans l’estomac quand les doigts glissent avec délicatesse sur les cordes. La mélodie des souvenirs. Le passé n’est pas toujours rempli de joie. Les épreuves font ce que nous sommes. Chaque cicatrises qui nous composent à sa place et ne doit être caché. Elles s’expriment et font que nous soyons aussi forts. Elles sont à l’origine du masque de certains et du mur de d’autres. Mais la musique elle, traverse les murs, balaye les masques. Les larmes glissent et s’écrasent sur le sol. La voix est cassée. Surplus d’émotion qui remontent, mais il faut savoir affronter ses démons pour se relever de nouveau. Ne jamais rester au sol. Toujours avancer. Et même si la vie nous fait trébucher. Même si elle nous fait prendre des chemins détournés. Un jour on retrouve celui qui nous fait vibrer. On ne se redresse et on n’avance pas après pas dans cet univers.

 

    Toi c’est la musique ton moteur. Les notes remplacent les oiseaux. Les partitions à la place des sentiers. Les instruments qui volent et qui chantent. Cette chanson raconte leur histoire. Elle raconte ton histoire. Elle te marque. Elle te blesse. Mais elle garde espoir. Un jour le soleil sur la route et la ballade grise se métamorphosera en un rythme plus joyeux. Tu danseras sur la partition de la vie suivant la voix que tu t’es choisie. À toi d’écrire la partition de ta vie. À toi de chanter fort aujourd’hui.

 

    Une lueur d’espoir dans les yeux. La tête relevée vers la silhouette amicale à tes côtés. Tu entonnes le refrain. Tu es remontée. Il prend une forme tout autre. Tu es fière. Tu oublies le monde l’espace d’un instant. Tu es libre. Tu n’as pas de masque. Tu n’as pas de barrière. Les notes les ayant détruits. Il n’y a plus que toi et ta guitare. À toi de jouer et de foncer sur la partition de la vie.

L’Oiseau

    Un pas en avant. Un pas en arrière. Journée soleil. Nuit tonnerre. Marionnettiste en chef. Maitre des mouvements de l’être de chair. Être qui se meut aux bons vouloirs des éléments. Être un peu douteux qui voudrait aller de l’avant. Il tend le bras, mais est retenu. Il tend une jambe, il est maintenu. Il ne peut se défaire, il ne peut se soustraire. L’optimisme lui fait dire que tout ira. Le réaliste lui voit le brouillard là-bas. Le pessimiste lui il n’est pas. Il cherche le positif. Il rejette le négatif.

 

    Être de paradoxe. Il s’évade dans la musique qui l’enferme dans les souvenirs. Il tente d’oublier le passé en ayant peur de l’avenir. Il s’éloigne sans supporter d’être seul. Il se voudrait fort, mais aussi craintif que l’écureuil. Il pleure plus qu’il ne rit. Il a peur la nuit. Il voudrait se protéger. Cherche une sécurité, un pilier. Quelque chose qui ne pourrait s’effondrer. Il aimerait sortir plus souvent. Il n’est pas à l’aise avec trop de gens. Les espaces clos l’enferment. Peur de la foule qui se démène. Il ne veut pas devenir un mouton du troupeau. Il n’a plus la force de remonter le fil de l’eau. Au cinéma il arrive à pleurer, devant un film pour enfant qui fait rigoler. Trop émotif. Émotion à vif. Il cherche à se soigner. Une protection pour souffler.

 

    Alors, il écrit. Il écrit ses pensées, sans vraiment se relire… Il ne sait pas ce que cela peut donner. Le marionnettiste lâche du lest. Quelques fils déjà brisés. Peut-être tous, mais pas la pensée. Il continue de mener la danse sans même avoir un seul lien. Une pensée un souvenir il s’agrippe puis repart aussi vite. Il est tenace et non invincible. Un chemin long. Non impossible. Gardons le verre à moitié plein. Des pensées qui font du bien. Un grand coup de musique. Remède contre les idées noires. Un peu de couleur. Un peu de baume sur le cœur.

 

    Le petit être de bois doit reprendre confiance en soi. Ne pas se dénigrer. Faire des efforts cela va payer. La ballade est difficile, mais elle en vaut la peine. La montée est toujours la plus dure, mais le paysage au sommet est des plus beaux. Aller je t’attends là-haut,

 

dit l’oiseau.

Un livre

    Livre ouvert, tu écris ta propre histoire. Une lettre après l’autre. Tu noircis les pages. Tu es le maître. Celui de ton récit. Mais, tu n’es pas à l’abri des imprévus. Une bourrasque qui empêche la plume de se poser. Un coup de vent qui de sa ligne la fait dévier.

 

    Cependant, tu n’abandonnes pas, tu avances, quitte à devoir te confronter aux éléments. Tu ne les laisses pas te dominer. Ni te faire mettre le livre de côté. Tu as envie de connaître la suite. Écrivain. Acteur. Tu fais glisser ta plume sur les pages sans savoir le mot que tu dessines avant de l’avoir fini. Tu ne sais quand le chapitre ou le livre se clôturera. Tu n’as pas envie de le finir.

 

    Non.

 

    Tu as tellement de choses à dire. Un tome ne sera pas suffisant. L’histoire de la vie maintenant définie comme un livre. Les jours devenant des pages. Les mois des chapitres. Découpage approximatif. Un peu à l’instinct. Tu trancheras à la fin. Cette pensée ainsi imagée se pose le problème des interactions.

 

    Chaque histoire est un livre. Un livre au nombre de pages infini. Le lien qui unit deux personnes ne peut être qu’un nouveau recueil. Une nouvelle ou un long roman. De nouveaux mots sur le papier écrivent par deux plumes. Tu n’es plus l’auteur d’un unique, mais d’une bibliothèque qui grandit à mesure des rencontres.

 

    Ouvrage central liant les histoires les unes aux autres. Une infinité de possibilités. Une infinité d’histoires à explorer. À écrire à dessiner. Ta plume s’attarde sur un livre plutôt que sur les autres. Des pensées attrapées par celui-ci et non par un autre. Une histoire qui se noircit au fil des jours. Un conte comme celui raconté à un enfant. Une suite attendue avec impatience. Un cadavre exquis où chaque chapitre dépend de la plume précédente.

 

    L’histoire s’écrit sous tes yeux. Tu n’as qu’une envie : en savoir plus. Et même si des pages séparent chaque mot. Et même si certaines se déchirent. Que l’encre s’efface par moment. Tu t’accroches. Tu découvres cet unique en écrivant l’ouvrage commun. Tu entres dans une nouvelle bibliothèque. Mais es-tu prêt à ouvrir la tienne, ton jardin secret, ton entre des mots et des vers ? Tu avances. Tu aimes ce que tu découvres. Curieux. Tu te poses doucement la question : est-ce vraiment cela l’amour ?

 

    Un livre clé d’une bibliothèque infiniment riche attirant la curiosité de quiconque commence à s’y attarder.

 

    Tu venais de te faire avoir. Attiré malgré toi des pages vers ce lieu inconnu. Plus tu en lis tu as envie de lire. Cercle vicieux. Tu es mordu. Mordu de cette lecture. Les pages se dévoilent une à une. Tu te surprends, impatient d’en savoir plus. De découvrir de nouveaux chapitres. Comme accro à cette lecture. Accro à ce nouveau livre qui s’écrit de deux plumes légères. Tu as peut-être trouvé ta propre définition de ce que certains appellent l’amour avec un grand a.

 

    Reste seulement à voir où le cours des pages qui se tournent chaque jour vous guidera. En attendant, les plumes encrent les pages et dansent sur le papier. Rythme de la vie et des imprévus. Des bourrasques et des fuites d’encre. Quelques bavures viendront sûrement abîmer certaines pages. Le plus important : rester ensemble sur celles-ci. Écrire d’une même voix et non chacun pour soi. Un livre qui s’ouvre, mais qui promet déjà son lot d’émotions. Roman d’action ou poème romantique. Tragédie grecque ou telenovelas trop belle pour être vrai. Cela tu le découvriras tout seul.

 

    Ne te pose pas trop de questions. Joues. Souris. Vis tout simplement. Écris dans l’instant présent. Ne t’enferme pas dans ta bibliothèque. Ne la ferme pas à ceux qui veulent la découvrir sans pensées mauvaises. Libre, la plume écrit son histoire, auteure-actrice-héroïne d’un livre dont elle ne peut connaître le dénouement. D’autres ouvrages à découvrir des trésors cachés dans les pages. Chaque relation un nouveau livre qui garnit chaque jour un peu plus la bibliothèque des mille et une merveilles.

 

    Ouvrage central, le plus vieux, le plus grand, le plus abîmé. Annoté. Des renvois multiples aux étagères. Aux divers livres de lien. Et chacun faisant le pont entre deux ouvrages principaux. Histoire difficile à établir. Points de vue multiples en jeu. Alors, jouons.

 

    Jouons avec les mots et dansons au fil des pages.