Jour 28 : Cadeau

    L’enfant semble affolé. Il ne sait pas quoi faire. Il organise l’anniversaire d’un ami, mais avec tous les préparatifs, il en a oublié son cadeau. Le petit tourne et vire dans sa chambre. Il ouvre les tiroirs à la recherche d’idées. Il n’a plus qu’une heure avant le début de la soirée. Il finit par se poser à son bureau, notant sur un papier tout ce qui lui passe par la tête. C’est alors que l’ampoule s’éclaire.

 

    Il court dans la chambre de sa sœur. Il fouille un peu et finit par trouver les papiers de couleurs qu’il cherche. Il descend dans la cuisine et retourne les placards. Il s’attaque alors au garage. Au fond de ce dernier, il trouve son bonheur et demande juste la permission avant de remonter avec son butin. Il ne lui reste pas beaucoup de temps. Il découpe les papiers, étale les stylos et commence à noter. Des phrases gentilles. Des citations. Des paroles de chansons. Des histoires vécues. Des dessins. Il continue ainsi jusqu’à ce que le pot soit rempli. La multitude de couleurs des petits papiers lui fait penser à des confettis. Il est satisfait de lui. Un cadeau unique qui pourrait redonner le sourire à son ami quand il serait un peu triste. Un pot à couleurs. Une fiole colorée dans la réalité.

Jour 27 : Tonnerre

    Il court. L’enfant court de toutes ses forces. Il court à en perdre haleine. Il court jusqu’à ce que ses jambes se dérobent. Il vient de trébucher. Il se retourne haletant pour vérifier quelque chose et tente de se relever. Il glisse sur un caillou et tombe de nouveau sur le sol. Un nouveau coup d’œil derrière lui. Le bruit se rapproche. De plus en plus. Il l’entend tout près de lui. Le petit essaie de nouveau de repartir, mais il n’y arrive pas. Sa cheville lui fait trop mal. La forme sombre est juste là. Juste à côté de lui. Il ne veut pas la voir, mais ne peut pas s’empêcher de la regarder dans les yeux. Des yeux rouges comme les taches sur sa blouse. Les manches trop grandes cachent les mains de cette silhouette toute en longueur. Une tache blanche et pourpre au milieu de l’obscurité. Une forme qui se rapproche dangereusement. Elle lève un membre. Le jeune est tel un animal apeuré le reflet de la peur dans les yeux. Le bras s’abat sur…

 

    Un bruit sourd.

    Le réveil.

    Brutal.

 

    Haletant, l’enfant a du mal à reprendre son souffle. Il vient de faire ce même cauchemar qui le hantait à chaque période d’Halloween. Mais cette fois-ci le tonnerre l’a réveillé avant que la situation n’empire. Il y a des jours comme celui-là où le petit aime bien l’orage.

Jour 26 : Étirer

    L’enfant danse. Il s’est bien amélioré. Alors que l’adulte aurait préféré qu’il rentre réviser, le petit, lui, s’amuse. Il s’évade. Il rit avec sa cavalière. Mais les musiques sont trop courtes. Les séances semblent se raccourcirent au fur et à mesure. Les semaines passent sans qu’il ne puisse s’attarder un seul instant. Tout va si vite. Le temps file. Difficile de le rattraper. Les moments joyeux sont les plus touchés par cette contraction des minutes qui se transforment alors en secondes.

 

    Le petit être aimerait, pour allonger le temps, appuyer sur le bouton « pause » de la vie et ralentir cette marche effrénée pour profiter des trois minutes quarante-cinq de cette chanson. Il aimerait attraper une baguette magique et faire des minutes des heures. Juste pouvoir graver cette danse sans en oublier un seul détail. Pour pouvoir ensuite s’en souvenir lorsque la mélodie sera moins douce. Il s’efforce alors d’apprécier l’instant. Sans machine à stopper le temps ou de super pouvoirs. Il essaie simplement de ne pas perdre une seule seconde…

Jour 25 : Piquant

    L’enfant est assis à une table. Une place pas bien grande. Juste assez pour y déposer sa copie et sa trousse. Cela fait déjà un moment qu’il est ici. Enfermé entre quatre murs. Mais bientôt il pourra sortir de cette pièce trop étroite pour le nombre d’élèves. Le petit a déjà fini. Il attend avec impatience que la grande aiguille atteigne son but. L’autorisation pour déposer les armes. Il ne peut pas avant qu’une partie du sablier soit écoulé. Il n’aime pas cette règle qui l’oblige à rester alors qu’il pourrait s’évader.

 

    Puis vient l’instant attendu. L’enfant se lève presque immédiatement. Il s’approche du professeur lui tend la feuille et passe la porte. Il est tout seul. Le premier à sortir. Il hausse les épaules et semble entendre au loin une musique. Il doit rêver. Pourquoi il y aurait de la musique dans un bâtiment rempli de salles de cours ?

 

    Il descend les escaliers. Les notes se font plus claires. Sa curiosité est piquée il veut savoir pourquoi. Il continue de suivre le son jusqu’à une grande salle. Les tables et chaises forment des remparts contre les fenêtres. Le petit ne voit pas ce qui se passe à l’intérieur. La mélodie vient bien de là, mais pourquoi une telle protection à moins que…

 

    Il se glisse par la porte la refermant derrière lui. Lorsqu’il se retourne, une personne lui attrape le bras et lui signifie qu’il lui manque un cavalier. Il est un peu perdu. Mais poussé par la curiosité il décide de rester. Un peu de musique, des personnes sympathiques et riantes, des remparts pour libérer l’espace central… l’adulte attendra un peu pour le moment l’enfant danse.

Jour 24 : Tranchant

    L’enfant entre dans les vestiaires. Son sac sur le dos est presque plus grand que lui. Il n’est pas seul, mais ne fait pas attention aux autres. Un simple « bonjour » glissé en franchissant la porte. Il dépose son manteau et entame un mini rituel. Tout à une place, il aime bien ces petites habitudes. Il ne s’aperçoit pas que le nombre de personnes a presque doublé dans la petite pièce. Il ne relève la tête vers les autres qu’une fois son nœud de ceinture finalisé. Il est prêt. Un geste de la main vers les nouveaux arrivants et le voilà de sortie.

 

    Il dépose ses pieds nus sur le tatami. L’entraînement ne tarde pas à commencer. Il court. Il s’étire. Il s’élance. Il répète. Il n’aime pas beaucoup répéter pour répéter même s’il sait que ce n’est que comme cela que son corps apprendra à faire les mouvements sans réfléchir. Mais il a déjà l’impression que son corps les connaît. Cela lui semble logique. Il se réjouit quand il apprend de nouveaux enchaînements. L’enfant analyse tout. Il essaie de comprendre son adversaire pour pouvoir anticiper. Le petit n’est pas grand. Il paraît être un intrus au milieu des adultes. Mais il l’oublie jusqu’au dernier temps de l’entraînement.

 

    Ce temps ne tarde pas à sonner. L’heure des combats est arrivée. Choisir un atelier, trouver un partenaire. Le jeune opte pour les armes, certaines le dépassent presque, mais ainsi il joue à jeu presque égal. L’équivalent d’un katana, mais en mousse à la ceinture, il salue son partenaire. Au signal, il se met en garde et attend la consigne suivante pour attaquer. Il imagine le revêtement de l’objet dans ses mains tout autre. Une belle lame pouvant causer de lourds dégâts. Ainsi il est plus sur le vif. Il a tous ses sens en éveil. Ne pas se faire toucher est son but principal.

 

    Après quelques minutes, changement d’armes. Il opte cette fois-ci pour le nunchaku. Il avait reçu beaucoup de bleus de cet objet même en s’entraînant seul. Mais il trouve ses mouvements tellement beaux qu’il n’a pas abandonné d’apprendre à le manier. En garde de nouveau. Un nouveau combat entre équipiers commence. Le moindre petit coup fait mal au jeune qui sait que cette arme bien qu’en mousse est dangereuse. Il l’utilise avec précaution faisant attention à son partenaire. Mais un moment de contemplation a raison de lui. Figé à observer l’arme trop rapide il n’a pas cillé. Il sait qu’il sera touché, mais il n’a pas prévu la suite. Fendant l’air lui fêla le nez au passage. L’enfant sait qu’il est aussi responsable et encore il avait eu de la chance cela aurait pu être pire. Il se dit alors que la prochaine fois il fera attention à ne pas se laisser aller à la contemplation.

Jour 23 : Vaseux

    Une sensation étrange. Quelque chose lui chatouille les pieds. Il ne veut pas se lever. Puis cette masse l’escalade. Il se contente de se retourner faisant tomber un livre sur le sol. L’enfant n’avait pas pu s’arrêter dans son histoire la veille. Le sommeil l’avait emporté quand il s’y attendait le moins. Morphée l’avait pris dans ses bras, direction le pays des rêves. Et ce matin, le réveil est difficile. Le petit voudrait dormir plus. Le décalage horaire avec le voyage et le coucher tard ne lui réussissent pas.

 

    Il se défait avec du mal de son lit, son doux lit. Il faut bien se lever un jour. Sa tête est un peu douloureuse. Comme sur un camion était passé dessus. Il se demande alors si c’est la même sensation qu’ont les plus vieux quand ils consomment trop d’alcool. Il ne veut pas trop savoir. Il se contente de se dire à lui-même que la prochaine fois il fera attention. Il ne se couchera plus aussi tard… quoique cela dépendrait de ses prochaines lectures.

Jour 22 : Cher

    « Cher Oliver,

 

    Je suis triste que tu ne sois pas avec nous. J’espère que mamie s’occupe bien de toi et qu’elle te donne bien à manger. Tu as de la chance les plats de mamie sont les meilleurs (meilleurs que ceux de tata, mais cela chut il ne faut pas lui dire à tata).

 

    Moi je m’amuse bien avec papa et maman. On voit plein de choses drôles. Et hier une tortue a nagé à côté de moi. Elle était grande comme ça (je t’ai fait un petit dessin). Et puis l’eau est très chaude. Je suis tout le temps dedans et les parents m’obligent à sortir pour aller manger. Mais c’est le meilleur moment dans l’eau quand le soleil part faire dodo. Il y a de jolies couleurs.

 

    Je te montrerais les photos quand je rentrerais. On les regardera tous les trois avec mamie.

 

    Des bisous on se voit vite.

    Garde bien la maison mon chien.

 

Max

 

 

    PS: La photo sur la carte c’est un jardin qu’on a visité.

    PS : J’ai mis PS car maman m’a dit que c’est comme ça qu’on fait quand on oublie de dire quelque chose. »

Jour 21 : Vider

    L’enfant retourne sur son île. Il s’éloigne de l’adulte qui se repose sur un banc. Le plus vieux sait que le plus jeune a besoin d’espace. Il a donc décidé de rester en retrait. Il le regarde de loin. Il l’observe sauter de rocher en rocher. Le petit manque de tomber plus d’une fois, mais il se redresse toujours. Il s’aide un peu de ses mains. Il a un objectif bien en tête. Il veut voir la pointe.

 

    Ce bout. Ce but. Cet endroit où la mer et la terre se mêlent avec une légère brise. Un lieu loin des oreilles. Il y est presque. Il n’a plus que quelques pas à faire et le voici, debout face aux vagues. Il inspire profondément. Il repense à certaines choses puis d’un coup il crie : « Riddikulus ». Comme si cette formule magie tirée d’un livre se réaliserait. Il vide ses poumons. Reprenant difficilement son souffle puis rigolant. Il ne sait pas trop pourquoi il rit, mais cela lui fait du bien. Alors il continue. Le petit vient de comprendre que parfois il faut juste rire pour chasser les ombres… comme dans son livre.

Jour 20 : Fragile

    L’enfant se promène dans un parc. L’adulte à ses côtés. Un animal les suit. Les observe depuis la branche sur laquelle il vient juste d’atterrir. Il les détaille. Il aime attarder son regard sur les humains les trouvant fascinants dans leurs attitudes. Le petit rouquin s’approche doucement. Le duo est posé sur un banc à la demande du plus jeune. Il les entend parler sans comprendre.

 

    Il décide alors de s’avancer un peu plus. L’écureuil s’aventure alors un peu plus loin sur sa branche. Cette dernière s’amincit au fur et à mesure des pas du petit animal. Puis tout à coup un rire dans l’air, un craquement sous les pattes. La branche est trop fragile pour supporter son poids. Il tombe alors sur les genoux de l’enfant surpris de voir un nouveau compagnon près de lui. Peut-être le début d’une amitié ?

Jour 19 : Roussi

    La bataille faisait rage. Les deux camps s’opposaient à coup de munitions de tous gabarits. Ils étaient enfoncés dans leurs tranchées respectives attendant le bon moment pour une percée. Entre eux un terrain vague. Vide de toute vie. Dans l’air, seuls les explosions et les cris se faisaient entendre. L’ambiance était tendue.

 

    Sur le flanc ouest, les bleus préparaient minutieusement leur stratégie d’attaque. Et tout à coup, des bruits de pas. Les voix de l’ennemi dans l’air. L’adversaire venait de sortir de sa cachette et courrait jusqu’aux autres qui tentaient de se protéger. Mais cela était mal engagé. Cela sentait le roussi pour les aigles. En effet, ils ne sortiraient pas secs de cette bataille d’eau contre les lions. Eux qui pensaient gagner, les voici trempés jusqu’aux os.