L’histoire se déroule dans l’univers magique créé par JK Rowling (une des contraintes imposées pour ce texte)
Le tintinnabule retentit. Pourtant aucun courrier n’était attendu pour aujourd’hui. Tu te rapprochas alors de la fenêtre près de laquelle la petite clochette était disposée. Tu es surprise. Mais aussi intriguée. Devant tes yeux, trois hiboux peinant à porter ensemble un paquet de plusieurs fois leurs tailles. Tu t’empresses alors d’ouvrir la porte vitrée pour les inviter à entrer.
Sur la table, ils déposèrent l’objet. Cependant avant de t’y attarder, tu leur sortis de quoi se requinquer. Des graines, de l’eau avec un soupçon de potion revigorante et quelques autres friandises qu’affectionnent ces oiseaux voyageurs et messagers. Le trajet avait dû être long et difficile pour ces facteurs ailés.
Mais pourquoi diantre, une personne se compliquerait la vie à envoyer une chose aussi lourde par hibou. Le mystère était entier, surtout qu’aucune magie ne semblait être présente. Les petits avaient porté à bout d’ailes ce paquet de presque un mètre de haut, et tu n’osais même pas imaginer le poids.
Pendant que les voltigeurs se reposaient, tu examinais l’objet à la recherche d’un quelconque indice laissé par l’expéditeur. Mais rien, pas un mot, pas une carte, pas même une petite signature à la calligraphie distinctive. Aucun moyen de savoir. Tu étais donc là. Devant cette chose, posée sur ton bureau, plus grande que toi. Tu hésitais.
Tu ne savais pas si tu devais l’ouvrir tout de suite ou prévenir quelqu’un. Peut-être qu’un danger apparaitra à l’ouverture. Cela serait risqué surtout dans l’enceinte de l’école, pour quel type de professeur passerais-tu alors ? Et si rien ne se produisait, tu aurais tort d’être aussi suspicieuse. Ton esprit commença à faire des allers-retours entre le pour et le contre sans que tu puisses t’en défaire.
Aucune solution ne semblait meilleure qu’une autre et pourtant ta curiosité te rongeait. Elle tambourinait au fond de ta poitrine. Elle te hurlait de défaire le joli petit ruban aux couleurs de la maison des blaireaux. Elle te suppliait de déplier le joli paquet aux motifs de la forêt. Elle te questionnait sur l’intérieur. Elle ne te lâchera pas.
Tu approchas doucement tes mains. Elle avait gagné. Elle te contrôlait sans que tu cherches à te défaire de son emprise. Cela était plus fort que toi tu avais besoin de savoir. Besoin de comprendre. Trop de questions dans ta petite caboche. Tu avais ce besoin irrépressible de réponses. Ces dernières se trouvaient juste devant toi. À portée de main.
Tu ne remarquas même pas les oiseaux s’échapper par la fenêtre. Ton regard était hypnotisé par la chose face à toi. Il te suffisait simplement de tirer le ruban pour que toutes tes questions retombent tel le papier de ce parquet. Tes doigts frôlaient le tissu. Tu hésitais à l’agripper. Un instant de conscience. Puis tu succombais de nouveau au charme de la curiosité.
Tu imaginais déjà ce qui pourrait se cacher sous le papier. Tes doigts s’enroulèrent doucement autour du fin ruban. Ton esprit vagabonda passant en revue les scénarios possibles sans en trouver un seul plus crédible qu’un autre. Tu avais le cœur qui s’emballait. Les mains tremblotantes. L’adrénaline montait. Quelle douce sensation qui t’envoutait ! Le moment était venu.
Tu pris une grande inspiration. Tu te concentras. Une partie de toi était anxieuse et vérifia la bonne présence de ta baguette à ta ceinture. L’autre, elle, n’avait hâte que d’une chose. Que d’une seule et unique chose. Elle n’avait d’yeux que pour elle et la curiosité le savait bien. Elle guida le corps l’espace d’un instant. Elle prit le contrôle pour tirer le simple petit bout de tissus.
Quand subitement, l’objet de convoitise se mit à bouger.
Mouvement de recul immédiat. Ruban lâché. Le papier allait-il finalement se défaire par lui-même ? Mystère encore et toujours. Tu avais la main sur ta baguette. Tu observais la scène avec un cocktail d’émotion dans le cœur. Tu ne savais pas laquelle suivre. Tu ne savais point laquelle dominait. Elles parlaient toutes en même, mais finirent par se ranger du même avis en l’espace d’une seconde.
En effet, des pattes venaient de sortir du paquet qui s’élança précipitamment dans une course effrénée à travers les couloirs. Pas le temps de rationaliser ce qui venait de se passer. Tu te lanças à sa poursuite. Tu n’arrivais plus à penser correctement. Trop d’éléments se mélangeant, tu en oublias tes sorts qui auraient permis de le stopper.
Tu manquas quelquefois de te prendre un élève ou encore une porte qui s’ouvra à la dérobée. Comment arrivait-il à aller si vite ? À ce rythme, vous auriez pu faire le tour de l’école en moins de temps qu’il en faut pour le dire. Mais la chance semblait être de ton côté, lorsque dans un cul-de-sac tu arrivas à le coincer.
Tu retins un petit cri de victoire. Optant pour une approche silencieuse. Les bras grands ouverts tel un gardien prêt à l’interception. Pas après pas tu t’approchas du paquet qui faisait des petits tours sur lui-même. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Le doute t’envahit et la curiosité n’était que plus grande. Plus qu’un mètre vous séparait. Un seul petit mètre.
Il venait de se stopper net, comme s’il savait. Comme s’il se rendait. Ou alors préparait-il sa nouvelle fuite ? Tu ne lisais pas dans les pensées. Tu ne pourras pas le deviner. Tous tes sens étaient aux aguets. Tu te concentrais autant que tu le pouvais dans cette situation des plus improbables même dans un monde magique. Jamais tu n’avais vu dans les livres un animal-paquet de la sorte.
Mais lorsque tu t’apprêtas à l’attraper, le fourbe se baissa pour passer entre tes jambes. Tu te retournas et courus de plus belle. Il ne fallait pas qu’il s’échappe. Tu te le répétais en boucle. C’était d’ailleurs surement pour cette raison qu’au détour d’un virage, tu t’élanças dans les airs pour tenter un plaquage, digne des matchs de ballon ovale.
Tu sentis tes bras le toucher. Tu les refermas autour de lui. Et en l’espace d’une seconde, tu te retrouvas à l’eau. La chose toujours dans tes bras. Ses pattes pataugeant et se débâtant. La tête hors de l’eau, tu toussotas. De l’eau de mer venait de se glisser dans ton gosier. Une belle tasse un peu trop salée. Le soleil de plomb t’empêcha de voir au loin.
Cependant, pas le temps de plisser les yeux que l’eau disparut laissant place à la forêt. Forêt sur le sol de laquelle tu venais de t’étaler. Sous l’impact, tu lâchas ton précieux qui s’échappa avant de disparaitre sous tes yeux laissant à sa place une chose blanche. Tu te donnas quelques minutes avant d’aller voir. Le temps de te remettre des événements récents.
Tu crachas un peu d’eau sur l’herbe. Tu étais trempée. Petit sort informulé. L’eau dans le passé. Une main dans la poche, tu débouchonnas une potion avant de la boire. Tu ne pouvais pas te permettre de manquer de force dans ce lieu inconnu. Maintenant assise dans l’herbe, tu rembobinas les derniers moments. Cherchant une explication plausible.
Cependant, la curiosité du début remontait à la surface. Elle passa du paquet envolé à cet objet blanc un peu plus loin. Elle était intense. Elle ne te quittera pas tant qu’elle n’aura pas atteint son but. Et ce dernier était juste en face de toi. A seulement quelques mètres. Une courte distance si simple à franchir surtout après ce que tu venais d’ingérer.
Il suffisait de te lever et faire quelques pas. Seulement quelques pas dans cette forêt bien sombre. Quelques pas dans cette atmosphère un peu tendue. Juste quelques pas sous les regards pesant autour de toi. Quelques pas alors qu’on t’observait dans l’ombre et que tu le sentais. Simplement quelques pas, la curiosité qui te poussait s’envolera. C’était si simple.
Tellement simple que tu finis par écouter la voix au fond de toi plutôt que ta raison qui te hurlait de te méfier. Tu te redressas. Une première enjambée. Puis une autre et encore une. Et en un rien de temps te voici là. Face à face avec l’objet convoité. Ou plutôt ce qui ressemblait à un œuf emballé tel ceux du lapin de paques moldu.
Plusieurs détails te frappèrent. Le papier était le même que celui du paquet sur pattes. Drôle de coïncidence. Encore plus étrange. Le ruban était lui aussi le même. Comme si le paquet originel avait changé de forme. Tu te disais qu’avec la magie tout est possible, mais là tu commençais à douter de ta propre réalité.
Tu vérifias alors rapidement la présence de ta baguette à ta ceinture. Le petit bâton de bois enchanté était bien à sa place. De même pour la multitude de breloques dans tes poches. Rien d’anormal en apparence. Alors pourquoi tout semblait si étrange, si abstrait et vrai à la fois ? Quelque chose clochait. Tu ne savais quoi.
Tu pris l’œuf-paquet sous le bras puis tu fis quelques pas en suivant le soleil. Enfin, plutôt sa lumière vue la hauteur des arbres t’entourant. Il y avait un tu-ne-sais-quoi de familier. Ce regard posé dans l’ombre sur toi te transperça plusieurs fois durant ton trajet. Tu le connaissais. Tu connaissais cette sensation. Mais c’était comme si les souvenirs étaient inaccessibles. Impossible de mettre un nom dessus.
Soudain au détour d’un buisson un peu trop grand, tu découvris une vieille maison. Une bâtisse décorée de lierre. La nature avait repris ces droits sur le lieu. Cela devait bien faire un bon bout de temps que personne ne devait habiter par ici. Et pour autant, tu avais irrésistible envie d’y faire un tour. Envie que tu ne saurais point expliquer.
Alors, paquet dans les bras, te voici poussant la porte. Il y avait quelque chose. Comme une sensation de déjà-vu. Comme un retour dans les souvenirs. Comme si tu connaissais. Comme si tu savais au fond de toi. Maintenant, il te suffisait de l’accepter.
Presque un siècle en arrière
-Maman, Papa, j’ai réussi, je l’ai fait
La jeune femme venait de franchir le seuil de la maison en trombe. Un sourire figé avec fierté sur le visage. Elle devait avoir dans la vingtaine. Une allure athlétique et toujours sa fameuse veste en cuir sur les épaules. Ses cheveux étaient d’un roux caractéristique et totalement en bataille. Ses joues rouges. Elle avait dû courir pour venir ici.
-Bien le bonjour chérie, d’où vient ce roux ? Renard alors ?
La mère venait d’arriver dans le salon. Un air étonné et un sourire tout aussi grand. Elle était un peu interrogative et puis très curieuse surtout. Il faut dire que cela était un trait de caractère propre aux Periculam. Aussi bien la fille que la mère, mais aussi le père. Et en parlant du loup, en voici un qui arrive dans la pièce.
Le magnifique mammifère au pelage d’un noir profond se changea en homme en un rien de temps. Il prit sa fille dans les bras. Puis il rejoignit vite le rang des curieux, murmurant quelque chose dans sa barbe. Sous le regard interrogateur des deux femmes de la maison, il finit par dire tout haut ce qu’il pensait tout bas.
-Elle sent la proie et j’adore chasser l’écureuil…
Il affichait un sourire carnassier qui fit frissonner sa fille. Pour ce qui est de son épouse, un bon coup de coude dans les cotes du blagueur. La lionne n’aimait pas quand il faisait peur à son bébé. Il faut dire qu’entre loup et lion l’ambiance était parfois électrique quand les personnalités animales se réveillaient.
-Max, tu sais ce qu’il se passera si jamais tu poses un seul croc sur elle. Allez, Tic, montre-nous donc
La jeune femme se changea en écureuil et fit quelques bonds dans la maison. Le reste de la journée se passa plutôt normalement. Quelques blagues douteuses. Une petite course à quatre pattes dans la forêt. Quelques frayeurs et des crocs un peu trop proches. Un animal ou deux a soigné après la balade. Puis un bon repas. Bref, journée des plus banales chez les Periculam.
Retour au présent
Une larme coula le long de ta joue. La mémoire venait de revenir d’un coup. Sans prévenir. Tu avais mal. Tu avais enterré ces souvenirs à la mort de tes parents. Et les voici remontants un par un. Aucun ordre précis. Pas de chronologie. Tout arrivait. Tu ne contrôlais plus rien.
Tu tentas tout de même de rester forte, le temps de savoir si le lieu était sûr. Tu t’enfonças alors dans la maison en t’enfonçant dans cette vague des souvenirs. Ou plutôt valse des souvenirs. Tu dansais avec eux. Ils te guidaient dans cet antre du passé. Un vestige prit dans le temps que la nature reprend doucement.
Tu décidas de monter directement à l’étage.
Tu devais être sûre.
Deuxième porte à gauche.
Une évidence.
Tu entras dans ce qui était autrefois ta chambre. Tu peinas un peu à reconnaitre avec les plantes qui ornaient les meubles. Tout était si beau et triste à la fois. Tu ne savais pas comment réagir. Ni quoi faire ou dire. Tu venais d’avoir la preuve que tu venais d’atterrir dans la maison de ton enfance.
Tu visitas les autres pièces de l’étage. Prenant ton temps. Attrapant les souvenirs au vol. Gardant quelques objets dans tes poches pour mieux y repenser plus tard. Tu immortalisais ce moment dans ta mémoire. Tu te rendais compte de tout ce que tu avais loupé. De tout ce que tu aurais pu faire avec eux.
Tu te laissas le temps.
Tu pris ton temps.
Tu venais d’ouvrir la porte du temps.
Pas besoin de pensine ou retourneur de temps.
Après un temps certain à l’étage, tu te décidas à descendre. Observant le salon. Un détail te frappa en premier lieu. Il y avait beaucoup moins de plantes et extrêmement peu de poussière comme si quelqu’un prenait soin de l’endroit. Il y avait aussi une bonne odeur dans l’air. Tu pouvais la différencier entre mille.
Le gratin de légumes de Timon.
Pas un regard de plus pour le salon, tu fonças dans la cuisine. Et ce que tu vis faillit te faire lâcher sur le sol l’œuf-paquet. Les larmes coulaient. Ton corps ne réagissait plus. Tous tes sentiments se mélangeaient. Tu ne réfléchissais plus. Tu ne savais plus quoi penser.
-Bienvenue à la maison Tic, je vois que tu as bien reçu mon paquet.
Timon, l’elfe de maison de la famille était devant toi. Malgré les rides et la canne, tu le reconnaitrais entre tous les elfes. Il était à la maison depuis qu’il était bébé et il portait toujours le pendentif d’une patte de loup que ton père lui avait offert. Il était entrain de servir ses convives tout en te parlant. Tu peinais à y croire.
À la table, un loup assis sur une chaise d’ayant d’œil que pour le gratin végétarien. Il y avait aussi un veaudelune caché sous la table. Il avait surement eu peur en t’entendant arriver. Et sur la table, un petit boursoufflet couleur crépuscule et un botruc qui s’amusait à chaparder dans l’assiette du loup. Enfin, un peu en retrait, un dirico. Les liens commençaient à se faire dans ta tête.
-Oh quel impoli je fais, excuse-moi je n’ai plus l’habitude. Je te présente Sherlock, il ne te mangera pas, ne t’en fais pas. Sous la table, c’est Watson. Les deux s’entendent extrêmement bien ils sont inséparables. Après nous avons Dylan que tu as déjà rencontré et qui ne maitrise toujours pas ses atterrissages. Enfin, les deux petits c’est Laurel et Hardy, je pense que tu devineras vite qui est qui. Pour t’expliquer rapidement, ce sont tous des orphelins que j’ai recueillis comme le faisait tes parents et comme le petit dans tes bras. Cependant, je commence à avoir du mal seul et l’argent laissé par Max et Mathilda arrive bientôt au bout. J’ai appris que les fantômes étaient redevenus humains dont une certaine Tic adorant les bêtes. Alors j’ai tout de suite su que c’était la Tic qui m’avait élevé et donc peut-être qu’elle pourrait nous aider… qu’en penses-tu ?
Cela faisait beaucoup d’informations d’un coup. Tu lui dis qu’il te fallait un petit moment pour y penser. Tu réfléchissais aux solutions possibles. Il te faudra du temps pour les mettre en place. La plus simple serait de les prendre avec toi. Que diront-ils à l’école ? Tu devais choisir entre le cœur et la raison.
Cependant ton cœur chavira quand toute la petite clique décida d’imiter le loup. Une armée de regard d’yeux de chat botté te fixa comme suppliant. Tu voyais en eux une famille. Celle de Timon et la tienne par extension. Toutes les émotions du voyage eurent donc raison de toi plus rapidement que prévu.
***
Quelques jours plus tard, tu avais réaménagé ton bureau pour accueillir tout ce joli monde. Tu avais ajouté des coussins dans la chambre pour que chacun puisse dormir à son aise. La compagnie te faisait du bien. Cela changeait de tes élèves. C’était ta famille. Une famille de sans famille. La famille que l’on se créer est parfois plus forte que celle du sang.
Et la tienne du sang était dans un cadre sur ton bureau. Ou plutôt deux cadres, l’un humain, l’autre animal. Ne jamais s’oublier ni oublier d’où l’on vient. Et en voyant la petite troupe étalée et surtout heureuse, tu nageais dans ce bonheur et dans les souvenirs. Bientôt de nouveau compléteront les anciens.
Tu souris, la joie en toi.
Tu ris, la joie autour de toi.
Une nouvelle page venait de se tourner.
Sous tes yeux, le mystérieux paquet venait de se fissurer.