Mathilda naquit un beau matin d’automne alors que les feuilles tombaient des arbres et que la couleur de la saison prenait le pas sur celle qui l’avait précédée. Son père maniait le marteau et sa mère l’épée. Ils travaillaient tous deux pour la garde royale dans deux secteurs différents.
Tonor, son paternel, possédait des origines naines qui lui conféraient de naissance une certaine force. Il avait aussi le don du forgeron. Ce dernier lui permettait de manipuler l’acier à sa guise pour former armes et armures. Il pouvait aussi en se concentrant et en puisant dans son énergie interne faire apparaître des armes qu’il rendait par la suite plus puissantes dans son atelier. Il était l’ainé d’une grande lignée de maitre forgeron, mais aussi le meilleur de sa génération dans le domaine.
Elnia avait mis du temps avant de répondre à la positive aux avances de l’homme-nain, elle qui avait du sang d’elfe et qui aimait son indépendance. Elle croisait souvent Tonor durant ses études, mais aussi durant sa carrière. Elle avait bien souvent besoin de ses coups de marteau pour réparer ses armes et armures abimées. Bien qu’elle soit devenue rapidement capitaine de la garde royale pour ses compétences de leader, mais aussi grâce à son don de chevalier, elle aimait se joindre aux troupes et prendre les coups pour protéger les innocents.
Tandis que l’un crée les armes, le second les usait jusqu’à leurs limites. Elnia possédait une très grande maitrise des combats, mais aussi la capacité à stocker un nombre impressionnant d’armes et armures qu’elle changeait en fonction des situations. Malheureusement, son dévouement et sa détermination eurent raison d’elle peu de temps après la naissance de la petite.
En effet, quelques semaines après la venue au monde de l’enfant, une brèche fut ouverte et des démons envahirent le monde. Elnia faisant partie des plus gradées fut appelée. Elle mena les troupes pour repousser ces créatures d’un autre univers. Les armures furent brisées les unes après les autres. Les armes se rompaient usées par les coups et les attaques.
Personne ne sut vraiment ce qui se passa ce jour-là. Les démons étaient repartis. Il y eut peu de victimes. Mais ce faible nombre suffit à mettre le monde en deuil. Les plus grands capitaines et généraux étaient rentrés sur des brancards. Les membres de la garde furent incapables de prononcer un seul mot concernant ce qui s’était passé. Un jour aussi sombre que victorieux. Une victoire qui avait un gout de défaite.
Deux personnes manquaient à l’appel. Elnia, capitaine de la garde royale, et Alvia, sa sœur et bras droit. Le seul souvenir qui restait d’elles était un collier. Celui des membres de la famille elfique. Il fut remis au mari d’Elnia ainsi qu’à la fille d’Alvia. Tonor le rangea précieusement dans un petit coffre avec les anciennes armes de son épouse se promettant de l’offrir à sa fille à sa majorité.
Il prit alors la décision de se reculer dans la région de Tabmoc à la frontière de celle de Nasitra. Il ne savait pas quel don développerait sa fille. Mais intérieurement même s’il ne voulait que son bonheur il espérait qu’elle n’ait pas le don de chevalier.
Vingt-et-un ans plus tard
« Tu t’en sors bien, Math »
Mathilda venait de forger une nouvelle armure quelque peu spéciale. En effet, ce n’était pas tous les jours qu’un forgeron avait l’occasion de faire un plastron pour un ogre-araignée. Six bras, deux jambes, 4 yeux, rien que cela… Il en fallait du travail et de la minutie. L’un des rares forgerons à savoir le faire n’était autre que Tonor, le père de Mathilda. Et maintenant sa fille, qui venait de réussir ce défi le jour de ses vingt-et-un ans.
Tonor était très fier de sa petite possédant tout comme lui le don de forgeron et quel don. Il se voyait souvent en elle-même si elle avait la même patience que sa mère, c’est-à-dire, quasiment aucune. Cela n’était pas forcément bon pour un forgeron de manquer de patience, mais elle arrivait à faire de belle chose malgré cela. Elle avait une volonté de fer et elle apprenait extrêmement vite.
« Bien comme nous avons fini, tu mérites une petite surprise »
Tonor sortit de sa cachette le fameux coffre. Il avait trois ans de retard, mais le jour de ses dix-huit ans, il n’avait pas eu la force de se remémorer ces souvenirs douloureux. Puis les années d’études ont suivi, mais aujourd’hui était le grand jour.
Mathilda s’approcha doucement de la boite. Elle l’avait déjà vu plusieurs fois et s’était souvent demandé ce qu’elle contenait. Elle allait enfin pouvoir le découvrir. Elle posa ses mains sur le bois et le poussa délicatement. La jeune femme entrouvrit le coffre. Elle y découvrit une armure qui semblait être à sa taille. Un regard vers son père. Une larme glissait sur la joue de ce dernier.
Elle enfila délicatement l’objet non sans avoir remarqué le nom de sa mère gravé sur celui-ci. Elle sortit les différentes armes tour à tour. Puis elle attrapa un petit pochon dans le fond. Elle ouvrit délicatement l’objet pour en sortir un pendentif. L’emblème des elfes. Elle l’avait appris en cours d’histoire. Ce symbole était l’un des sceaux d’une longue lignée de nobles elfes ayant aidé à bâtir la cité centrale d’Etisrevid.
Une larme roula sur son visage tandis qu’elle enfila le pendentif.
Au même moment, une forte douleur la fit tomber en arrière. Le pendentif s’éclaira. Dans sa poitrine son cœur se serra. Elle était comme brulée, mais elle n’arrivait pas à parler. Elle n’arrivait pas à crier. Comme si les sons étaient bloqués au fond de sa gorge. Elle entendait un son comme celui du métal brulant que l’on est entrain de marquer.
Son père s’était précipité auprès d’elle et tentait de retirer le collier sans succès. Il retira le plastron de sa fille puis ouvrit la chemise de sa fille pour vérifier que tout allait bien. En retirant les boutons, il n’eut pas besoin de tout enlever. Un symbole marqué sur sa peau. Une marque au fer rouge. Sa fille venait d’être dotée d’une marque en enfilant un simple pendentif…
Il installa Mathilda sur son lit et partit à la recherche d’un médecin qui s’empressa de l’examiner. Mais il n’eut aucune réponse à apporter ni au père inquiet ni à la fille qui ne réveillait avec une forte douleur. Leur seule chance était les livres. Et sans attendre que l’anti douleur ne fasse effet, Mathilda s’empressa de tirer son père vers la bibliothèque et ils passèrent la soirée de son anniversaire à tenter de comprendre d’où venait cette marque et ce symbole sur ce pendentif. Il y aurait bien une réponse dans les livres.