Tu avances sans but, tu erres. Tu ne sais plus où aller. Mais tu y vas. Nulle part ne l’est plus lorsque tu y poses le regard. Tu reconnais ce paysage. Une sensation de déjà-vu te prend. Elle t’entraîne tandis que le temps continue son chemin. Tu restes bloqué. Tu ne fais plus attention à la variable temporelle. Elle est devenue négligeable. Tu te concentres sur le spatial en remontant le chemin des souvenirs. Tu cherches au plus loin. Tu te souviens.
Petit, tu venais ici jouer. Les parents jamais loin. Le bruit de l’eau qui danse. Les vagues qui balancent. Elles s’attaquaient à ton château. Tu étais si jeune. Le rire, ton plus grand atout. Ton sourire qui s’étend. Enfant innocent. L’eau ennemie de l’imaginaire.
Adolescent, tu plongeais dans le ventre de Dame Nature. Tu nageais dans ses bras marins. Porté par le courant. Poissons valsant avec toi. Le calme tout autour. Sensation de repos. Petit dans l’immensité. Adolescent rassuré. L’eau, précieuse alliée.
Adulte, tu dansais sur le sable. Partenaire dans les bras. Les pieds frôlant et jouant avec les vagues. Soudain, petit trou dans le sol. Une chute amortie. Des rires fendant l’air. Un sourire pour séduire devant ce paysage solaire. Le coucher de l’astre sur les flots. Adulte amoureux. L’eau témoin complice.
Avec ta canne, tu avances. Le soleil laissant place à la lune. Ta mémoire vacille. Mais, les vagues se souviennent des rires et des peines. Elles emportent les larmes. Elles rappellent les souvenirs. Ta tête ailleurs, tu souris. Cheveux blancs. L’eau, mer de souvenirs.
Une boucle comme un cycle. La vie avance. Elle tourne et retourne. Comme les vagues sur une plage d’été. S’amusant avec le destin. Le déjà-vu fait son malin.