Le paquet mystérieux

L’histoire se déroule dans l’univers magique créé par JK Rowling (une des contraintes imposées pour ce texte)

   

    Le tintinnabule retentit. Pourtant aucun courrier n’était attendu pour aujourd’hui. Tu te rapprochas alors de la fenêtre près de laquelle la petite clochette était disposée. Tu es surprise. Mais aussi intriguée. Devant tes yeux, trois hiboux peinant à porter ensemble un paquet de plusieurs fois leurs tailles. Tu t’empresses alors d’ouvrir la porte vitrée pour les inviter à entrer.

    Sur la table, ils déposèrent l’objet. Cependant avant de t’y attarder, tu leur sortis de quoi se requinquer. Des graines, de l’eau avec un soupçon de potion revigorante et quelques autres friandises qu’affectionnent ces oiseaux voyageurs et messagers. Le trajet avait dû être long et difficile pour ces facteurs ailés.

    Mais pourquoi diantre, une personne se compliquerait la vie à envoyer une chose aussi lourde par hibou. Le mystère était entier, surtout qu’aucune magie ne semblait être présente. Les petits avaient porté à bout d’ailes ce paquet de presque un mètre de haut, et tu n’osais même pas imaginer le poids.

    Pendant que les voltigeurs se reposaient, tu examinais l’objet à la recherche d’un quelconque indice laissé par l’expéditeur. Mais rien, pas un mot, pas une carte, pas même une petite signature à la calligraphie distinctive. Aucun moyen de savoir. Tu étais donc là. Devant cette chose, posée sur ton bureau, plus grande que toi. Tu hésitais.

    Tu ne savais pas si tu devais l’ouvrir tout de suite ou prévenir quelqu’un. Peut-être qu’un danger apparaitra à l’ouverture. Cela serait risqué surtout dans l’enceinte de l’école, pour quel type de professeur passerais-tu alors ? Et si rien ne se produisait, tu aurais tort d’être aussi suspicieuse. Ton esprit commença à faire des allers-retours entre le pour et le contre sans que tu puisses t’en défaire.

    Aucune solution ne semblait meilleure qu’une autre et pourtant ta curiosité te rongeait. Elle tambourinait au fond de ta poitrine. Elle te hurlait de défaire le joli petit ruban aux couleurs de la maison des blaireaux. Elle te suppliait de déplier le joli paquet aux motifs de la forêt. Elle te questionnait sur l’intérieur. Elle ne te lâchera pas.

    Tu approchas doucement tes mains. Elle avait gagné. Elle te contrôlait sans que tu cherches à te défaire de son emprise. Cela était plus fort que toi tu avais besoin de savoir. Besoin de comprendre. Trop de questions dans ta petite caboche. Tu avais ce besoin irrépressible de réponses. Ces dernières se trouvaient juste devant toi. À portée de main.

    Tu ne remarquas même pas les oiseaux s’échapper par la fenêtre. Ton regard était hypnotisé par la chose face à toi. Il te suffisait simplement de tirer le ruban pour que toutes tes questions retombent tel le papier de ce parquet. Tes doigts frôlaient le tissu. Tu hésitais à l’agripper. Un instant de conscience. Puis tu succombais de nouveau au charme de la curiosité.

    Tu imaginais déjà ce qui pourrait se cacher sous le papier. Tes doigts s’enroulèrent doucement autour du fin ruban. Ton esprit vagabonda passant en revue les scénarios possibles sans en trouver un seul plus crédible qu’un autre. Tu avais le cœur qui s’emballait. Les mains tremblotantes. L’adrénaline montait. Quelle douce sensation qui t’envoutait ! Le moment était venu.

    Tu pris une grande inspiration. Tu te concentras. Une partie de toi était anxieuse et vérifia la bonne présence de ta baguette à ta ceinture. L’autre, elle, n’avait hâte que d’une chose. Que d’une seule et unique chose. Elle n’avait d’yeux que pour elle et la curiosité le savait bien. Elle guida le corps l’espace d’un instant. Elle prit le contrôle pour tirer le simple petit bout de tissus.

    Quand subitement, l’objet de convoitise se mit à bouger.

    Mouvement de recul immédiat. Ruban lâché. Le papier allait-il finalement se défaire par lui-même ? Mystère encore et toujours. Tu avais la main sur ta baguette. Tu observais la scène avec un cocktail d’émotion dans le cœur. Tu ne savais pas laquelle suivre. Tu ne savais point laquelle dominait. Elles parlaient toutes en même, mais finirent par se ranger du même avis en l’espace d’une seconde.

    En effet, des pattes venaient de sortir du paquet qui s’élança précipitamment dans une course effrénée à travers les couloirs. Pas le temps de rationaliser ce qui venait de se passer. Tu te lanças à sa poursuite. Tu n’arrivais plus à penser correctement. Trop d’éléments se mélangeant, tu en oublias tes sorts qui auraient permis de le stopper.

    Tu manquas quelquefois de te prendre un élève ou encore une porte qui s’ouvra à la dérobée. Comment arrivait-il à aller si vite ? À ce rythme, vous auriez pu faire le tour de l’école en moins de temps qu’il en faut pour le dire. Mais la chance semblait être de ton côté, lorsque dans un cul-de-sac tu arrivas à le coincer.

    Tu retins un petit cri de victoire. Optant pour une approche silencieuse. Les bras grands ouverts tel un gardien prêt à l’interception. Pas après pas tu t’approchas du paquet qui faisait des petits tours sur lui-même. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Le doute t’envahit et la curiosité n’était que plus grande. Plus qu’un mètre vous séparait. Un seul petit mètre.

    Il venait de se stopper net, comme s’il savait. Comme s’il se rendait. Ou alors préparait-il sa nouvelle fuite ? Tu ne lisais pas dans les pensées. Tu ne pourras pas le deviner. Tous tes sens étaient aux aguets. Tu te concentrais autant que tu le pouvais dans cette situation des plus improbables même dans un monde magique. Jamais tu n’avais vu dans les livres un animal-paquet de la sorte.

    Mais lorsque tu t’apprêtas à l’attraper, le fourbe se baissa pour passer entre tes jambes. Tu te retournas et courus de plus belle. Il ne fallait pas qu’il s’échappe. Tu te le répétais en boucle. C’était d’ailleurs surement pour cette raison qu’au détour d’un virage, tu t’élanças dans les airs pour tenter un plaquage, digne des matchs de ballon ovale.

    Tu sentis tes bras le toucher. Tu les refermas autour de lui. Et en l’espace d’une seconde, tu te retrouvas à l’eau. La chose toujours dans tes bras. Ses pattes pataugeant et se débâtant. La tête hors de l’eau, tu toussotas. De l’eau de mer venait de se glisser dans ton gosier. Une belle tasse un peu trop salée. Le soleil de plomb t’empêcha de voir au loin.

    Cependant, pas le temps de plisser les yeux que l’eau disparut laissant place à la forêt. Forêt sur le sol de laquelle tu venais de t’étaler. Sous l’impact, tu lâchas ton précieux qui s’échappa avant de disparaitre sous tes yeux laissant à sa place une chose blanche. Tu te donnas quelques minutes avant d’aller voir. Le temps de te remettre des événements récents.

    Tu crachas un peu d’eau sur l’herbe. Tu étais trempée. Petit sort informulé. L’eau dans le passé. Une main dans la poche, tu débouchonnas une potion avant de la boire. Tu ne pouvais pas te permettre de manquer de force dans ce lieu inconnu. Maintenant assise dans l’herbe, tu rembobinas les derniers moments. Cherchant une explication plausible.

    Cependant, la curiosité du début remontait à la surface. Elle passa du paquet envolé à cet objet blanc un peu plus loin. Elle était intense. Elle ne te quittera pas tant qu’elle n’aura pas atteint son but. Et ce dernier était juste en face de toi. A seulement quelques mètres. Une courte distance si simple à franchir surtout après ce que tu venais d’ingérer.

    Il suffisait de te lever et faire quelques pas. Seulement quelques pas dans cette forêt bien sombre. Quelques pas dans cette atmosphère un peu tendue. Juste quelques pas sous les regards pesant autour de toi. Quelques pas alors qu’on t’observait dans l’ombre et que tu le sentais. Simplement quelques pas, la curiosité qui te poussait s’envolera. C’était si simple.

    Tellement simple que tu finis par écouter la voix au fond de toi plutôt que ta raison qui te hurlait de te méfier. Tu te redressas. Une première enjambée. Puis une autre et encore une. Et en un rien de temps te voici là. Face à face avec l’objet convoité. Ou plutôt ce qui ressemblait à un œuf emballé tel ceux du lapin de paques moldu.

    Plusieurs détails te frappèrent. Le papier était le même que celui du paquet sur pattes. Drôle de coïncidence. Encore plus étrange. Le ruban était lui aussi le même. Comme si le paquet originel avait changé de forme. Tu te disais qu’avec la magie tout est possible, mais là tu commençais à douter de ta propre réalité.

    Tu vérifias alors rapidement la présence de ta baguette à ta ceinture. Le petit bâton de bois enchanté était bien à sa place. De même pour la multitude de breloques dans tes poches. Rien d’anormal en apparence. Alors pourquoi tout semblait si étrange, si abstrait et vrai à la fois ? Quelque chose clochait. Tu ne savais quoi.

    Tu pris l’œuf-paquet sous le bras puis tu fis quelques pas en suivant le soleil. Enfin, plutôt sa lumière vue la hauteur des arbres t’entourant. Il y avait un tu-ne-sais-quoi de familier. Ce regard posé dans l’ombre sur toi te transperça plusieurs fois durant ton trajet. Tu le connaissais. Tu connaissais cette sensation. Mais c’était comme si les souvenirs étaient inaccessibles. Impossible de mettre un nom dessus.

    Soudain au détour d’un buisson un peu trop grand, tu découvris une vieille maison. Une bâtisse décorée de lierre. La nature avait repris ces droits sur le lieu. Cela devait bien faire un bon bout de temps que personne ne devait habiter par ici. Et pour autant, tu avais irrésistible envie d’y faire un tour. Envie que tu ne saurais point expliquer.

    Alors, paquet dans les bras, te voici poussant la porte. Il y avait quelque chose. Comme une sensation de déjà-vu. Comme un retour dans les souvenirs. Comme si tu connaissais. Comme si tu savais au fond de toi. Maintenant, il te suffisait de l’accepter.

 

Presque un siècle en arrière

 

    -Maman, Papa, j’ai réussi, je l’ai fait

    La jeune femme venait de franchir le seuil de la maison en trombe. Un sourire figé avec fierté sur le visage. Elle devait avoir dans la vingtaine. Une allure athlétique et toujours sa fameuse veste en cuir sur les épaules. Ses cheveux étaient d’un roux caractéristique et totalement en bataille. Ses joues rouges. Elle avait dû courir pour venir ici.

    -Bien le bonjour chérie, d’où vient ce roux ? Renard alors ?

    La mère venait d’arriver dans le salon. Un air étonné et un sourire tout aussi grand. Elle était un peu interrogative et puis très curieuse surtout. Il faut dire que cela était un trait de caractère propre aux Periculam. Aussi bien la fille que la mère, mais aussi le père. Et en parlant du loup, en voici un qui arrive dans la pièce.

    Le magnifique mammifère au pelage d’un noir profond se changea en homme en un rien de temps. Il prit sa fille dans les bras. Puis il rejoignit vite le rang des curieux, murmurant quelque chose dans sa barbe. Sous le regard interrogateur des deux femmes de la maison, il finit par dire tout haut ce qu’il pensait tout bas.

    -Elle sent la proie et j’adore chasser l’écureuil…

    Il affichait un sourire carnassier qui fit frissonner sa fille. Pour ce qui est de son épouse, un bon coup de coude dans les cotes du blagueur. La lionne n’aimait pas quand il faisait peur à son bébé. Il faut dire qu’entre loup et lion l’ambiance était parfois électrique quand les personnalités animales se réveillaient.

    -Max, tu sais ce qu’il se passera si jamais tu poses un seul croc sur elle. Allez, Tic, montre-nous donc

    La jeune femme se changea en écureuil et fit quelques bonds dans la maison. Le reste de la journée se passa plutôt normalement. Quelques blagues douteuses. Une petite course à quatre pattes dans la forêt. Quelques frayeurs et des crocs un peu trop proches. Un animal ou deux a soigné après la balade. Puis un bon repas. Bref, journée des plus banales chez les Periculam.

 

              Retour au présent

 

    Une larme coula le long de ta joue. La mémoire venait de revenir d’un coup. Sans prévenir. Tu avais mal. Tu avais enterré ces souvenirs à la mort de tes parents. Et les voici remontants un par un. Aucun ordre précis. Pas de chronologie. Tout arrivait. Tu ne contrôlais plus rien.

    Tu tentas tout de même de rester forte, le temps de savoir si le lieu était sûr. Tu t’enfonças alors dans la maison en t’enfonçant dans cette vague des souvenirs. Ou plutôt valse des souvenirs. Tu dansais avec eux. Ils te guidaient dans cet antre du passé. Un vestige prit dans le temps que la nature reprend doucement.

    Tu décidas de monter directement à l’étage.

    Tu devais être sûre.

    Deuxième porte à gauche.

    Une évidence.

    Tu entras dans ce qui était autrefois ta chambre. Tu peinas un peu à reconnaitre avec les plantes qui ornaient les meubles. Tout était si beau et triste à la fois. Tu ne savais pas comment réagir. Ni quoi faire ou dire. Tu venais d’avoir la preuve que tu venais d’atterrir dans la maison de ton enfance.

    Tu visitas les autres pièces de l’étage. Prenant ton temps. Attrapant les souvenirs au vol. Gardant quelques objets dans tes poches pour mieux y repenser plus tard. Tu immortalisais ce moment dans ta mémoire. Tu te rendais compte de tout ce que tu avais loupé. De tout ce que tu aurais pu faire avec eux.

    Tu te laissas le temps.

    Tu pris ton temps.

    Tu venais d’ouvrir la porte du temps.

    Pas besoin de pensine ou retourneur de temps.

    Après un temps certain à l’étage, tu te décidas à descendre. Observant le salon. Un détail te frappa en premier lieu. Il y avait beaucoup moins de plantes et extrêmement peu de poussière comme si quelqu’un prenait soin de l’endroit. Il y avait aussi une bonne odeur dans l’air. Tu pouvais la différencier entre mille.

    Le gratin de légumes de Timon.

    Pas un regard de plus pour le salon, tu fonças dans la cuisine. Et ce que tu vis faillit te faire lâcher sur le sol l’œuf-paquet. Les larmes coulaient. Ton corps ne réagissait plus. Tous tes sentiments se mélangeaient. Tu ne réfléchissais plus. Tu ne savais plus quoi penser.

    -Bienvenue à la maison Tic, je vois que tu as bien reçu mon paquet.

    Timon, l’elfe de maison de la famille était devant toi. Malgré les rides et la canne, tu le reconnaitrais entre tous les elfes. Il était à la maison depuis qu’il était bébé et il portait toujours le pendentif d’une patte de loup que ton père lui avait offert. Il était entrain de servir ses convives tout en te parlant. Tu peinais à y croire.

    À la table, un loup assis sur une chaise d’ayant d’œil que pour le gratin végétarien. Il y avait aussi un veaudelune caché sous la table. Il avait surement eu peur en t’entendant arriver. Et sur la table, un petit boursoufflet couleur crépuscule et un botruc qui s’amusait à chaparder dans l’assiette du loup. Enfin, un peu en retrait, un dirico. Les liens commençaient à se faire dans ta tête.

    -Oh quel impoli je fais, excuse-moi je n’ai plus l’habitude. Je te présente Sherlock, il ne te mangera pas, ne t’en fais pas. Sous la table, c’est Watson. Les deux s’entendent extrêmement bien ils sont inséparables. Après nous avons Dylan que tu as déjà rencontré et qui ne maitrise toujours pas ses atterrissages. Enfin, les deux petits c’est Laurel et Hardy, je pense que tu devineras vite qui est qui. Pour t’expliquer rapidement, ce sont tous des orphelins que j’ai recueillis comme le faisait tes parents et comme le petit dans tes bras. Cependant, je commence à avoir du mal seul et l’argent laissé par Max et Mathilda arrive bientôt au bout. J’ai appris que les fantômes étaient redevenus humains dont une certaine Tic adorant les bêtes. Alors j’ai tout de suite su que c’était la Tic qui m’avait élevé et donc peut-être qu’elle pourrait nous aider… qu’en penses-tu ?

    Cela faisait beaucoup d’informations d’un coup. Tu lui dis qu’il te fallait un petit moment pour y penser. Tu réfléchissais aux solutions possibles. Il te faudra du temps pour les mettre en place. La plus simple serait de les prendre avec toi. Que diront-ils à l’école ? Tu devais choisir entre le cœur et la raison.

    Cependant ton cœur chavira quand toute la petite clique décida d’imiter le loup. Une armée de regard d’yeux de chat botté te fixa comme suppliant. Tu voyais en eux une famille. Celle de Timon et la tienne par extension. Toutes les émotions du voyage eurent donc raison de toi plus rapidement que prévu.

 

***

 

    Quelques jours plus tard, tu avais réaménagé ton bureau pour accueillir tout ce joli monde. Tu avais ajouté des coussins dans la chambre pour que chacun puisse dormir à son aise. La compagnie te faisait du bien. Cela changeait de tes élèves. C’était ta famille. Une famille de sans famille. La famille que l’on se créer est parfois plus forte que celle du sang.

    Et la tienne du sang était dans un cadre sur ton bureau. Ou plutôt deux cadres, l’un humain, l’autre animal. Ne jamais s’oublier ni oublier d’où l’on vient. Et en voyant la petite troupe étalée et surtout heureuse, tu nageais dans ce bonheur et dans les souvenirs. Bientôt de nouveau compléteront les anciens.

    Tu souris, la joie en toi.

    Tu ris, la joie autour de toi.

    Une nouvelle page venait de se tourner.

    Sous tes yeux, le mystérieux paquet venait de se fissurer.

Septième Temps

    Chère toi,

 

    Il y a peu je suis tombée sur une boite. Tu sais ce genre de boite dans laquelle, tu as sûrement gardé pleins de souvenirs. Des photos. Des mots. Des dessins. J’y ai retrouvé un mot ou plutôt une lettre. Une lettre d’amour plus exactement écrite durant l’année de CP.

 

    Tu te rappelles de ce moment où tu commences à écrire. Où tu découvres que tu peux mettre par écrit ce que tu ressens, ce que tu vis. Tu as l’opportunité de l’exprimer librement sans jugement. Écriture à la calligraphie hésitante et aux fautes d’orthographe dominantes.

 

    Sur ce mot, ce morceau de cahier, quelques lettres. Une déclaration. Tu te demanderas peut-être pourquoi je l’ai encore. Pourquoi ce papier n’est point dans les affaires de la personne concernée ? Tu remarqueras alors un changement d’écriture et de stylo, tu te dis qu’une personne a répondu sur le même papier. Une réponse dure. Un « moi non ». J’ai mal au cœur pour la petite fille de sept ans. Une grande déception. De la nostalgie.

 

    En fouillant un peu plus. J’en trouve une autre. Datant du collège. Mais celle-là j’en suis sûre. Elle n’a point quitté cette boite. La peur au ventre, je n’avais pas pris le risque. Risque d’avoir mal. Petite fille sensible, timide. Déjà mise de côté, je restais à rêver en secret.

 

    Dans un coin de la boite, une feuille de brouillon. Souvenir d’un devoir d’un côté, lettre à cœur ouverte de l’autre. Un texte. Un nouveau. Une nouvelle période. Le lycée d’après les noms évoqués. Encore une déclaration. Je ne me rappelais plus avoir beaucoup écrit durant ces années-là.

 

    Moment encore renfermé. Coincée de mon plein gré dans ma bulle. Masque porté. Cachant la sensibilité. Mur dressé contre l’extérieur. Une protection. Les textes seuls témoins de l’envers du décor. Peur que quelqu’un ne les lise. Sûrement la raison de leur non-présence. La page retrouvée n’étant rien qu’autre qu’une révélation sans masque. Je l’avais certainement gardé pour la beauté du texte et la description de sentiments sincères.

 

    Par curiosité, la boite fermée. J’ai décidé de ressortir les textes écrits sur le sujet. Ceux cachés dans mon téléphone. Mémos non supprimés. Et alors que je les parcours. Un pincement au cœur. Devant mes yeux, sept textes. Sept temps d’une année qui ressortent. Coup de foudre amenant à une croisière suivie de la première tempête entraînant le naufrage, la dérive et enfin la terre ferme avec devant un nouveau chemin.

 

    Laisse-moi te détailler cela un peu plus. Enfin si tu le veux bien. Le premier, histoire d’un coup de foudre. Personne surévaluée. Un filtre sur les pensées. Le début du chemin et de la ballade. Le second dans la même veine. Même vocabulaire. La promenade continue.

 

    La ballade s’enchaîne, mais des brouillards dans le troisième pointent le bout de leur nez. Un texte d’excuses remplaçant les lettres d’amour. Cœur à vif. Sensibilité touchée de plein fouet. Masque dominant dans le texte suivant. Les sentiments de côté. « C’était ce qu’il fallait faire ». Voilà ce que je me répétais.

 

    Cinquième auprès d’amis, je l’avais partagé. Peu avaient compris la métaphore. Mais de mon côté écrire m’avait permis de me libérer. Cela faisait du bien de poser des mots sur ses sentiments lorsque ceux-ci se font trop importants. Le retour calme dans le mémo de quelques semaines le cadet. Copie d’un message envoyé à une proche. Texte gardé pour la beauté et la sensibilité dégagées. Une période douce. Sans stress. Sans tensions. Les vacances.

 

    Cependant se cachant derrière cette mer d’apparence tranquille, de nouveau les sentiments grandissent. S’emballent et entament le septième temps. Le temps actuel de la danse. Une personne hantant les pensées de nouveau. Sans l’avoir demandé. Sans que je sache pourquoi. Elle a pris place.

 

    Découverte pas à pas des sentiments à travers les discutions et textes échangés. Attachement accompagné d’une crainte. Une réserve maintenant le mur en son rôle protecteur. La peur du renouvellement. Peur d’avoir le même retour que l’enfant ou la même expérience que lors du quatrième temps.

 

    En lisant cela, je remarque que le dernier mémo ne semble point terminé. Alors la petite fille de sept ans reprend la plume pour compléter ce septième temps. Pour étaler ce qu’elle ressent en espérant que ce virage soit le premier d’une nouvelle danse peut-être plus longue que la précédente.

 

    Un « je t’aime » glissé entre les lignes. Aucun nom mentionné. Personne se reconnaissant sûrement ou probablement pas. Texte débouchant sur une lettre qui n’est autre qu’une nouvelle déclaration cachée. Tu sais, même si cela ressemble à une histoire, au travers de certains mots un message tente d’être délivré.

 

    Difficile de se dévoiler de manière explicite. Et même si les paroles n’osent pas franchir les lèvres. Même si les mots ne dépassent pas la frontière de la pensée. Même si les gestes se font réservés. Les sentiments eux se font ressentir et dans les yeux s’expriment sans permission.

 

    Cette lettre fut plus longue que prévu. Mais comme tu le sais, quand on écrit avec le cœur, quand on a envie de dire des choses alors on ne peut plus s’arrêter et les lettres s’impriment d’elles-mêmes. J’espère ne pas t’avoir ennuyée en te racontant ma vie passée et présente. Dans cette lettre que toi seule pourras définir.

 

 

Tu sais qui je suis

L’Oiseau

    Un pas en avant. Un pas en arrière. Journée soleil. Nuit tonnerre. Marionnettiste en chef. Maitre des mouvements de l’être de chair. Être qui se meut aux bons vouloirs des éléments. Être un peu douteux qui voudrait aller de l’avant. Il tend le bras, mais est retenu. Il tend une jambe, il est maintenu. Il ne peut se défaire, il ne peut se soustraire. L’optimisme lui fait dire que tout ira. Le réaliste lui voit le brouillard là-bas. Le pessimiste lui il n’est pas. Il cherche le positif. Il rejette le négatif.

 

    Être de paradoxe. Il s’évade dans la musique qui l’enferme dans les souvenirs. Il tente d’oublier le passé en ayant peur de l’avenir. Il s’éloigne sans supporter d’être seul. Il se voudrait fort, mais aussi craintif que l’écureuil. Il pleure plus qu’il ne rit. Il a peur la nuit. Il voudrait se protéger. Cherche une sécurité, un pilier. Quelque chose qui ne pourrait s’effondrer. Il aimerait sortir plus souvent. Il n’est pas à l’aise avec trop de gens. Les espaces clos l’enferment. Peur de la foule qui se démène. Il ne veut pas devenir un mouton du troupeau. Il n’a plus la force de remonter le fil de l’eau. Au cinéma il arrive à pleurer, devant un film pour enfant qui fait rigoler. Trop émotif. Émotion à vif. Il cherche à se soigner. Une protection pour souffler.

 

    Alors, il écrit. Il écrit ses pensées, sans vraiment se relire… Il ne sait pas ce que cela peut donner. Le marionnettiste lâche du lest. Quelques fils déjà brisés. Peut-être tous, mais pas la pensée. Il continue de mener la danse sans même avoir un seul lien. Une pensée un souvenir il s’agrippe puis repart aussi vite. Il est tenace et non invincible. Un chemin long. Non impossible. Gardons le verre à moitié plein. Des pensées qui font du bien. Un grand coup de musique. Remède contre les idées noires. Un peu de couleur. Un peu de baume sur le cœur.

 

    Le petit être de bois doit reprendre confiance en soi. Ne pas se dénigrer. Faire des efforts cela va payer. La ballade est difficile, mais elle en vaut la peine. La montée est toujours la plus dure, mais le paysage au sommet est des plus beaux. Aller je t’attends là-haut,

 

dit l’oiseau.

A supposer que

    A supposer que la musique, cette douce imbrication, non pas que nous parlerons de maçonnerie par ici et par ces quelques mots, même si la métaphore des travaux manuels, comme les métiers du bâtiment, mais aussi les arts les plus minutieux, pour ne citer qu’eux, l’on pourrait aborder le sujet d’un qui est très adapté, mais je crois qu’ici n’est point la question, que je repositionne de ce pas, ou plutôt dans l’instant au plus rapidement, enfin rapide le temps de quelques mots pour retourner à ces notes, pas celles que l’on pose dans un coin d’un papier et que l’on ne relit quand relecture il y a, que rarement, pas celles dans le téléphone, outil de technologie très développée qui accélère en ralentissant les interactions, que nous avons entre nous, nous qui sommes humains utilisant la technologie pour communiquer avec les autres sans nous comprendre parfois, celles de nous encrons sur les partitions, ces lignes parallèles lues, comme on peut lire de la musique, car je ne me considère pas ici comme experte dans le domaine, mais comme simple admiratrice du travail des musiciens et virtuoses dans le domaine, dans une certaine globalité, guide, tel le fil d’Ariane dans un labyrinthe qui se pourrait être celui de la vie dont on cherche tous la sortie sans vraiment la trouver, ne trouvant qu’un chemin s’en approchant la frôlant parfois, nos pas, qui se dessinent dans la neige franchement tombée si on suppose que le climat s’y prête, vais-je si, nous entrons ici dans une nouvelle interrogation, en espérant que vous n’avez pas oublié le début de la phrase qui devient de plus en plus longue, à mesure que je continue de l’écrire et de la former sous de nouveaux mots qui se rajoutent à la suite des autres, je n’entends rien ?

 

    À supposer que la musique guide mes pas, où vais-je si je n’entends rien ?

Il était une fois

    Il était une fois, il y a fort longtemps, dans un petit village perdu au milieu des bois, un jeune homme des rêves pleins la tête et des…

             

    Non, mais écoutez-le, on dirait qu’il va nous rejouer un de ces contes pour enfants de cape et d’épée ! « Il était une fois, il y a fort longtemps dans un village perdu… » Et puis quoi encore ? Un dragon ? Des combats à l’épée ? Une princesse à sauver ? Tu ne peux pas trouver mieux, là tu es plus que dans le cliché mon ami. Aller reprends donc, un peu plus original cette fois-ci.

             

    Donc… il n’était pas une fois, dans une grande ville mondaine…

             

    Stop. C’est quoi ça ? Je t’ai demandé un truc original pas totalement décalé. Reprend avec ton « Il était une fois » c’était pas mal.

             

    Il était une fois, dans le petit village de Vignes-Raisins, un jeune homme. Un jeune homme au look banal, rien de bien original. Il aimait bien rêver, rire et jouer. Il ne pensait pas vraiment au lendemain.

             

    Tu es vraiment sérieux avec ton histoire ? Tu ne peux pas faire un peu plus original ? Un gars paumé, qui rêve et qui ne pense pas au lendemain… « Carpe Diem » ? Dis-moi que c’était une blague… tu ne peux pas lui donner un peu de peps, d’innocence, de vie, d’histoire ! Un peu de magie ! Je sais pas moi change d’univers, au lieu d’être dans le Moyen Âge et la fantasy, bascule dans le fantastique. Rajoute des Minotaures.

             

    Des Mino quoi ?

             

    Des Minotaures, faudrait que tu revoies ta mythologie. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Aller reprend. J’essaye de ne plus t’interrompre. Enfin j’essaye…

             

    Reprenons alors…

 

    Il était une fois, dans un petit village français, une maisonnette où vivaient un jeune homme et sa mère. Si l’ambiance pouvait avoir une couleur, elle serait grise. Ternie par les larmes qui coulaient. Noircie par la disparition de la fille et sœur. Ce faisait un an jour pour jour que celle-ci n’était pas rentrée à la maison. Un an que le frère remuait ciel et terre pour la retrouver. Sa mère, elle était trop fatiguée. Il lui avait promis. Il voulait tenir sa promesse. Alors malgré le jour symbolique, il se décida de retourner au village voisin pour tenter de nouveau d’avoir des renseignements. Son ancienne piste l’ayant conduit à une impasse, il devait tout reprendre…

 

    Notre jeune Jack était motivé. Il ne doutait pas qu’un jour, il retrouverait sa sœur et le sourire de sa mère apparaîtrait de nouveau. Il espérait pouvoir trouver une nouvelle piste aujourd’hui. Une piste qui le mènerait jusqu’à la disparue. Mais en attendant, il marchait dans les rues pour rejoindre le port Quiberon côté Initié. Un de ses amis de l’équipe de Baseball local avait réussi à avoir des informations. Il avait rendez-vous. Il avançait, avançait vers cet espoir, lorsque sa route croisa ou plutôt heurta celle d’une jeune fille qui semblait bien affolée…

 

    – Doucement, mademoiselle, que se passe-t-il ? Je peux vous aider ?

 

    La jeune fille aux larmes qui s’écrasaient sur le sol avait un peu de mal à parler. Puis son regard sembla attrapé par quelque chose et elle bredouilla deux ou trois mots.

 

    – Mon chaton… échappé…

 

    Héros au grand cœur…

 

    Ne me dis pas que tu vas le faire courir après le chat ? Il a sa sœur à sauver, déjà j’ai rien dit pour les clichés, mais là… Tu ne vas pas faire cela, si ?

 

    Héros au grand cœur, Jack rassura la jeune fille d’une main sur l’épaule et s’élança à la suite du quadrupède dans le dédale des rues. Oubliant l’espace d’un instant son objectif premier.

 

    Tu m’ignores maintenant ? C’est nouveau. Puisque c’est comme cela continue dans ta non-originalité…

 

    Il poursuivait le chat d’un noir se mêlant aux ombres à travers des rues qu’il ne reconnaissait pas forcément tout. Il ne réfléchissait pas vraiment. Il esquivait les passants et les autres animaux pour atterrir dans une petite ruelle de la ville assez étroite. Il entendit un miaulement, il eut tout juste le temps de sauter par-dessus le chaton avant de faire deux pas et tomber à la renverse trébuchant sur quelque chose ou plutôt quelqu’un.

 

    – Vous pourriez prensdre grand-garde…

 

    Le héros releva doucement la tête. Face à lui, un chat aux yeux vairons le regardant fixement. Ce n’était pas son chat. Celui-ci semblait bien accompagné. Sûrement le père du petit évité peu de temps auparavant.

 

    – Il est haustement disgracieux de choir sur meilleur que toi de cette manière socialement fort discourtoise !

 

    Jack était confus, pensant sur le coup s’être cogné la tête un peu fort.

 

    – Un chat qui parle ? Je dois…

    – Or donc rustre enfançon, m’est avis que tu pourrais t’élever de ton séant ! Je ne suis guère un vil félin crasseux et vagabond ! Il m’incombe de te révéler que nous sommes vertueusement dissonants.

 

    Jack n’en croyait pas ses oreilles. Il ne se fit pas prier et se leva d’un bond. Faisant peur à la petite troupe de chats aux yeux particuliers au passage. Il examina le sol et remarqua une petite forme s’essuyant la poussière. Il s’accroupit à sa hauteur et commença à approcher la main comme pour vérifier ce qu’il voyait, mais se prit une tape dessus par l’objet en mouvement.

 

    – Aïe. Depuis quand une… enfin un machin comme cela parle et en une sorte d’ancien français en…

    – J’exige un minimum de respect en mon endroit, Je ne suis point objet de gueuserie. Et j’eus pu être ton concepteur au regard de mon âge ! Un initié au funeste destin tel que moi, maléficié à vivre mille tourments, claquemurés dans un jouet pour enfant. Mais… mais quelle est donc cette effronsterie ? Repose-moi séance tenante !

    – On va voir l’initié-médecin de la ville, il aura sûrement une solution. Il n’est pas loin…

 

    L’objet à la forme d’ourson en peluche et tout d’engrenage vêtu sous le bras, le jeune homme s’élança dans les rues. Tentant de retrouver son chemin, jusqu’à l’antre des potions et runes de l’ancien. Il l’avait bien guidé. Un ancien ami du père de Jack, le vieil homme à la longue barbe grisonnante, vivait près de ses ustensiles. Toujours prêt à créer une nouvelle potion, un nouveau remède. Il aurait certainement la réponse aux questions de notre jeune héros et de son problème de chose parlante.

 

    Quelques minutes plus tard, le jeune homme franchit un peu essoufflé la porte de la petite boutique. Elle regorgeait de mystères et d’objets en tous genres. Des pendentifs runiques aux chaudrons en passant par des poupées vaudou et des fioles remplies de substances aussi étranges les unes que les autres. Jack s’attarda un instant. Il observait, analysait. Il avait l’impression que ce lieu avait sa propre vie et n’était plus le même d’un jour à l’autre.

 

    Alors qu’il se perdait dans ses réflexions, la peluche gigotant toujours sous le bras, des paroles le réveillèrent.

 

    – Bien le bonjour, Jack Junior, comment vas-tu ? Cela fait longtemps que tu n’es pas venu mon ami. Que me vaut le plaisir de ta visite ?

 

    Jack se retourna aussitôt. Le vieil homme aux allures de père Noël se tenait près de lui. Il ne l’avait pas entendu venir trop occupé à tenter de deviner l’utilité des outils sur l’étagère face à lui.

 

    – Bonjour Mr DuChêne, je vais très bien merci. Je suis toujours à la recherche de ma sœur, mais en chemin j’ai croisé cette drôle de… enfin vous voyez, il dit être un initié.

    – Mon nom baptismal demeure ToyNoc, adoubé Sir à une époque où vous n’étiez point né ! Or donc, jeune impertinent, il serait en ma convenance de pouvoir fouler de mes prospres pieds ce sol consacré ! J’éprouve mille ravissements de vous rencontrer, mestre Duchêne. J’ai ouï dire par la bouche même de mon tourmenteur que vous auriez la faculté de m’être d’une précieuse aidance…

    – Désolée Toy, mais je n’aimerais pas que quelqu’un te marche dessus…

    – J’exige le respect de ma titulature : SIR ToyNoc !

    – Vous n’allez pas vous disputer ici, nous devons trouver une solution pour ce monsieur ToyNoc, suis moi Jack, on va dans mon laboratoire…

 

    Jack qui n’avait pas reposé la peluche, suivit l’ancien. Son laboratoire comme il aimait bien l’appeler était un antre des potions dans l’arrière-boutique. Les murs étaient couverts d’éprouvettes et de livres. Le bureau se cachait sous les feuilles et les crayons. Le sol disparu. Il fallait faire preuve de ruse pour marcher sans rien abîmer.

 

    L’homme marmonna quelque chose dans sa barbe et indiqua à Jack de rester à sa place. De son côté, l’homme arbre nageait dans ses notes. Courrait vers les livres qui rejoignaient le sol les uns après les autres. Il semblait avoir une idée en tête et ne voulait pas en démordre.

 

    Tout à coup, un petit bruit attira l’attention du héros. Ce dernier vit sur le sol un petit engrenage en tous points identique à ceux qui ornaient la peluche. Il paniqua alors. Il savait qu’il ne devait rien toucher dans le laboratoire, mais il ne pouvait pas laisser la peluche tomber en morceaux. Il se pencha alors vers le sol discrètement en essayant de ne pas se faire voir par le savant. Il ne voulait pas se faire sermonner. Mais quand il s’apprêta à frôler la pièce de métal, il sentit qu’on le poussait dans le dos et il tomba sur la pièce…

 

    Il va se faire kidnapper par des grands méchants c’est ça ? Quelle imagination !

 

    Tu pourrais me laisser faire ?

 

    Mais oui, mais pas de kidnapping…

 

    Un bruit. Un atterrissage pas des plus agréables sur le sol. Autour de notre héros la forêt qui s’étendait à longueur de vue. Il ne le savait pas, mais il se trouvait toujours dans le pays de la baguette, mais avait changé un peu de zone géographique. Il avait un peu de mal à se relever. Quelque chose était sur son dos et sauta devant lui. Le félin ébène qu’il avait poursuivi…

 

    – Que fait ce chat ici ?

 

    Il se leva d’un coup. Se rappelant qu’il n’était pas seul. Il ne voulait pas se faire remonter les bretelles une nouvelle fois par la peluche. Il se redressa et observa les environs tandis que le chat se rapprochait de l’objet vivant.

 

    – Mais on est où ? Toy ça va ?

    – SIR ToyNoc, je ne suis point un trivialeque austomate !

    – Excuse-moi ToyNoc, mais au fait comment tu es devenu peluche ?

    – Jack, souffre que je te conte ma geste ! Héritier d’une noble ascendance, je ne mansquais de rien, sauf peut-être de ce que les membres de la roture prise tant : la chaleur humaine. Force me fut de considérer mes géniteurs comme des déserteurs, m’ayant asbandonné aux mains de la domesticité. De l’heure où je fus doué de raison, j’abandonnais les tristes considérations matérielles pour m’abreuver des connaissances compulsées dans les grimoires de la bibliothèque familiale. Le temps filait. Les histoires, les contes d’antan itou des temps modernes enflammaient mon imagination. Rien ne me passionnait plus que les récits des hauts faits d’armes des chevaliers. Or donc, je décidais, alors qu’à peine j’eus ton âge, de rendre courtoises visites à ces preux et d’à mon tour, de revêtir l’armure et de partir en quêste. Malgré ton ignorance crasse, j’ose espérer que tu n’es point étranger aux machineries à parcourir le temps ? Apprends que je me suis aventuré à en confectionner une. Mon entreprise fut couronnée de succès. Une seule chose me faisait défaut : une source d’énergie magique. Qu’à cela ne tienne, je montrais ma dévotion en poursuivant vaille que vaille mon rêve. Hélas, la voie des dieux est insaisissable et il y eut un revers de la médaille. L’affaire prit une forte étrange tournure… Je tombais en pâmoison. À mon éveil, je me retrouvais prisonnier de ce corps, mêlant l’ourson en peluche et ma machine. Longue et éprouvante fut mon errance. Mes pas finirent par me mener en cette cité, cette ruelle. La suite, tu en as été témoin…

    – Oui, j’ai couru après ce chat, puis j’en ai esquivé un, je suis tombé sur toi. On est allé voir Mr Duchêne et on a atterri ici. Maintenant nous devons trouver un moyen de sortir d’ici avant que…

    – Songe tel un proton, avec fulgurance, fragile enfantelet.

    – Un proton ?

    – Oui, demeure positif…

 

    Le petit groupe de trois marchait tranquillement. Le chat devant, un pas lent au rythme de la peluche. Ils discutaient quand soudain devant eux une créature apparue. Un loup qui…

 

    Stop. Le coup du loup c’est du déjà-vu. Tu oublies tes classiques ou tu t’en inspires de trop. La belle et la bête cela ne te dit rien ? Aller transforme moi ce loup rapidement…

 

    Quand soudain un serpent à trois têtes apparut. Sûrement…

 

    Échappé d’un zoo ? J’avoue l’idée est belle, mais soyons un peu cohérent avec l’époque et la géographie. Tu as une autre idée ?

 

    Quand soudain, un douchat apparaît. Il grognait. Semblait très agressif. Pourtant ce chat d’initié à trois queues ne l’était que principalement envers les ennemis de son maître. Jack était un peu déboussolé. Il se mit devant l’ourson en guise de bouclier et sortit sa stèle comme arme. Mais il n’eut point le temps de lancer le moindre sort que le chat lui sauta dessus, lui mordant le poignet et récupérant l’objet magique au passage. Le héros n’eut pas le temps de bouger que l’animal était hors de portée de vue.

 

    Il venait de perdre sa stèle et gagner de la douleur. Le jouet semblait avoir un peu de cœur déchirant le T-shirt du héros à sa manière après lui avoir demandé de s’accroupir, et lui fit un bandage sur le poignet. Jack le remercia du regard. La suite du trajet se fit sans un mot.

 

    Le héros se tenait un peu le poignet. La douleur partait doucement. Il n’osait plus dire mot. Le petit groupe était des plus silencieux, ne voulant pas attirer de nouveau des animaux. Jack avait de quoi se défendre, mais préférait ne pas sortir son épée maintenant. Il pensait qu’au moindre bruit ou mouvement brusque ils se feraient de nouveau attaquer. Le chat semblait connaitre les environs. Jack se contentait de suivre alors que la chose parlante elle se battait avec quelques insectes qui venaient l’embêter.

 

    Après plusieurs minutes, plusieurs heures, le temps n’ayant plus vraiment d’importance quand la fatigue commençait à prendre le dessus, ils découvrirent au détour d’un buisson un énorme portail. Il était grand ouvert sur une entrée magnifique, bien entretenue et remplie de verdure, de fleurs et de couleurs. Au bout du chemin, quelques marches et une porte. Une tête de lion en guise de heurtoir. Un animal majestueux par plus d’une fois représentée. Un beau symbole pour ce château immense au cœur d’une forêt…

 

    Tu commençais bien, c’était super l’histoire du croup et là action suivante tu retombes dans le cliché ! Et il se passe quoi ? Tu vas le faire toquer à la porte ?

 

    Oh je n’y avais pas pensé merci pour l’idée…

 

    Le héros s’avançait traversant le portail, guidé par la fatigue et l’envie de se poser sans risquer de perdre la vie. Le chat en retrait et la peluche, elle se tenait aux côtés de notre apprenti chevalier qui fit signifier sa présence à la grande porte en interrogeant le lion.

 

    Une minute à peine passa avant que l’énorme morceau de bois ne bouge. Il s’ouvrit sur une petite tête brune aux longs cheveux qui volaient quand tous les sens à mesure de ses mouvements. Sans un moment pour l’étranger à sa porte, elle s’approcha intriguée de l’objet à ses pieds. Son regard venait de changer et son sourire était celui d’un animal…

 

    – Oh un nouveau jouet, il bouge en plus… Viens que je te dissèque, je vais te retirer quelques boulons… Je…

 

    Clé à molette dans une main, scalpel dans l’autre, elle semblait sérieuse dans sa folie. Jack n’était pas très courageux, il reculait doucement. Peluche, elle s’était accrochée à sa jambe et quand la jeune fille fut à leur hauteur. Quand elle s’apprêta à donner le premier coup…

 

    – Viens là !

 

    Une seconde jeune fille. En tous points identique à la précédente, mais son visage semblait plus… doux. Ses cheveux tressés en arrière. Elle avait un quelque chose plus calme et venait d’attraper l’objet dans ses bras. Sûrement des initiés.

 

    – ToyNoc !

 

    Jack fit un pas, mais fut rapidement arrêté par la jeune chirurgienne. Il prit soin de ne pas faire de mouvement pouvant énerver la brunette tandis que sa sœur paraissait aimer son nouveau jouet. Elle le câlinait puis l’embrassa sur le haut de la tête. Puis dans l’instant, un homme au haut de forme couvert d’engrenages fit son apparition. L’ourson n’était plus, à sa place, un adulte dont le bras disparu était remplacé par du métal. Une redingote, un monocle, une montre à gousset rangé dans le veston. Il semblait venir d’une autre époque et pourtant…

 

    – Et bien, engeances bouffies d’ingratitude ! Est-ce là une manière d’honorer ses démiurges ?

 

    Le héros un peu perdu cherchait le parent numéro deux quand ce dernier passa de chat à jeune femme. Il commença à trembloter. Et recula, petits pas à petits pas. Tandis que la famille se réunissait.

 

    – Je… Je vais vous laisser en famille, ravie de vous avoir rencontré ToyNoc…

    –  Attarde-toi à nos côtés, aimable jouvencet

 

    Une stèle de sortie. Une rune dans les airs, le voilà dans l’inconscience. Cela fut rapide. Simple et efficace. Le sorcier était fort, mais le héros lui était déboussolé par les événements.

 

    Les cachots du grand château étaient sombres et poussiéreux. Des toiles d’araignée décoraient les murs et les recoins tandis que les rats faisaient entendre leur présence à quiconque tendrait un peu l’oreille. L’humidité, la froideur des murs et l’absence de lumière n’amélioraient pas la situation. Le lieu n’était pas des plus accueillants et pourtant nous y retrouvons notre jeune…

 

    – Jack… Jack c’est toi ?

 

    Une voix. Bien connue par le jeune homme. Une voix qu’il n’avait pas entendue depuis un moment, un trop long moment. Mais il la reconnaîtrait entre mille. Au-dessus de lui, lui caressant la joue et en la tapotant parfois, sa sœur. Sa sœur disparut depuis un an. Il venait de la retrouver. Il avait des centaines de questions cependant ils devaient sortir d’ici.

 

    Il savait que sa grande sœur maîtrisait les runes de téléportation or le fait de la voir encore ici lui prouvait sans qu’il ait à demander que le sous-sol devait être bien protégé. Il se releva doucement et chercha une issue.

 

    – Cela fait un an que j’essaye Jack, rien. Il n’y a pas de solution… à part prier.

    – Alors, prions Stella, mais nous sortirons. Il doit y avoir un moyen. Envoyez-nous un signe.

 

    Le jeune homme s’adressa au plafond. Comme si les étoiles pouvaient lui répondre. Il n’y croyait pas lui-même quand une voix se fit entendre.

 

    – Le Sir a un secret caché dans la bibliothèque.

    – Mais où est cette fameuse bibliothèque ?

    – Rapproche-toi des étoiles et tu la trouveras.

    – Mais cela ne nous aidera pas à sortir d’ici.

    – Des mots non, mais ceci peut-être…

 

    La fille à la tresse était là. Elle semblait différente moins en retrait. Elle tenait la clef dans la main et la tourna dans la serrure. Le frère et la sœur ne comprirent pas. Devant les regards d’incompréhension, cette dernière ne put s’empêcher de laisser échapper quelques mots.

 

    – Il faut mettre fin au mystère et j’ai besoin de changer d’air.

 

    Jack comprit où voulait en venir la petite. Il posa une main sur son épaule et glissa l’autre dans sa poche. Il en sortit un fourreau qu’il accrocha à sa ceinture et un bouclier qu’il scella à son bras. Même blessé, il était prêt.

 

    – Je vais vous sauver, attendez ici mon signal.

 

    Notre héros s’élança. Montant les escaliers quatre par quatre. Il cherchait à atteindre les étoiles. Son but : trouver la bibliothèque. Il ne tarda pas à trouver l’antre des savoirs. Il avait pris soin d’éviter le chat, mais il n’avait vu personne comme si dans le château ne vivaient que des fantômes. Comme si tout cela n’était qu’un rêve.

 

    Il referma derrière lui la porte. Les pages de connaissances étaient de partout. Les murs entiers étaient recouverts jusqu’au plafond qui semblait monter toujours plus haut. Au sol, des bureaux bien rangés. Un globe au centre de la pièce et dans l’axe de la porte un tableau. Sur le seul mur où aucun livre n’était présent. Il s’avança.

 

    – Tiens tiens tiens ! Je perçois ton avidité curieusante face à cette toile de mestre ! L’être représenté, noble esseulé, devint foldingo quand sa moitié trépassa. Aux affres de la vengeance, il n’eut de cesse de vouloir la restrouver. Las, son âme se fourvoya dans l’abîme du sang et de la manipulation, devenus ses seules raisons de vivre. Arpentant des chemins obscurs, il acceptait des contrats sous couvert d’anonymat. Il devint le Sir Esanglant de la Forêt. Oncques n’osait plus en parcourir les sentiers et moultes furent les rumeurs villageoises. Or donc, le Sir avançait vers le crépuscule de son existence et il en portait forts ombrages. Il partit en quêste pour se garantir une jouvence pérenne. Sous les combes de la haute futaie, un signe lui fut envoyé. Il ne tergiversa guère. Au cou de l’animal cornu, il put se repaître. Il jouit alors de la jeunesse et d’ardente vitalité. Les années passant et trépassantes, Il garda par devers lui l’essence vitale de son infortunée victime, comme d’austres conservaient le vin. Vampire, ainsi fut le surnom qu’on lui donna. Le Sir se réjouissait quand des âmes égarées demandaient chemin, il pouvait à ce moment assouvir…

 

    Le héros au bouclier se retourna en entendant la porte claquer. Il découvrit alors l’homme au chapeau en appui sur sa cane avec derrière lui la folie et la discrétion. Il n’hésita alors point la moindre seconde. Il devait sauver les femmes du château.

 

    – ToyNoc réglons cela dans les règles de l’art. Un combat jusqu’à capitulation totale !

    – C’est SIR ToyNoc petit effronté. Tu n’es pas digne de mourir de mon épée et puis que vas-tu faire sans stèle ?

 

    Ce fut alors au tour de Jack de sourire. Un sourire à faire retourner les spectres des lieux dans leurs tombes. Il avait ce petit côté diabolique et calculateur. Il dégaina son épée sous l’œil rieur du maître des lieux. Il la pointa sur son adversaire à distance comme quand on lance un défi puis murmura quelques mots en dessinant quelques formes de la pointe de l’épée. Discrétion et Folie se retournèrent alors vers l’homme à cane.

 

    – Tu n’es pas le seul à connaitre des tours.

 

    L’épée n’était qu’illusion. Celle-ci disparut laissant place à une stèle. Une rune d’attaque. Le sir s’était fait avoir par la ruse du plus jeune. Ce dernier savait qu’il ne pourrait pas rivaliser dans un combat magique à la loyale. Le Sir était bien plus fort et expérimenté. Mais, Jack avait beaucoup appris en cherchant sa sœur. Il s’était entraîné et gardait toujours deux stèles. La première celle qu’il avait acheté en entrant à l’école. La seconde dont la longue garde faisait penser à celle d’une épée et pourtant la magie s’en échappait.

 

    – Par quel prosdige as-tu…

    – Un peu de silence !

 

    Deux dessins. Une statue remplaça l’homme. Le jeune homme tomba à genoux. Il était à bout d’énergie. Près de lui la femme s’était approchée et l’aida avec précaution à se redresser. Elle avait un regard rempli de culpabilité. Et pourtant elle n’était pas responsable. Elle s’était fait manipuler comme les deux jumelles.

 

    En repensant à cela, Jack lança un dernier sort. Un appel. Un lionceau sortit de sa baguette et fonça vers les cachots. Le lieu reculé atténuait l’emprise de l’homme pierre. Depuis que ce dernier ne pouvait plus se mouvoir à cause du sort principalement réservé pour solidifier les sols et objets, son contrôle sur le château semblait avoir disparu. Et, une fois les deux jeunes femmes les ayant rejoints, des présentations et explications s’imposèrent et la femme chat prit la parole.

 

    – Je tiens à vous remercier de votre aide, je suis Jane Doe, initiée-détective, je me charge principalement de disparitions d’enfants. Un jour, les parents des deux jeunes filles ici présentes sont venus me voir pour m’engager. J’ai remonté leurs traces jusqu’à ce château, mais je n’arrive pas à me souvenir de ce qui s’est passé après. Je sais juste que mon esprit ne contrôlait plus mon corps. Si vous permettez, je tiens à vous exprimer ma gratitude, je vous dois une faveur, n’hésitez pas si je peux faire quoique ce soit pour vous.

    – Ramenez simplement ces deux jeunes à leurs parents, ils doivent être bien malheureux et puis cet homme… Il faudrait expliquer à la police runique.

    – Je m’en occupe. Il va passer quelque temps à l’ombre. Merci encore

    – Merci Jack, de nous avoir sauvées.

 

    La jeune femme demanda aux jeunes filles de la tenir pendant qu’elle-même attrapait la statue. Elle sortit de sa poche un stylo et appuya après un sourire sur le bouton. Dans un bruit sourd, les quatre personnes disparurent.

 

    Ce n’est pas un peu simple le coup du stylo magique ?

 

    Tu vois un moyen plus cohérent pour faire voyager quatre personnes ?

 

    Pas faux on peut dire qu’elle le gardait en cas d’urgence, mais n’a pas pu l’utiliser à cause du contrôle mental ?

 

    Oui on va dire cela… Tu me laisses terminer ?

 

    Bien sûr… Même si je devine déjà la fin.

 

    La sœur prit la main de son frère. Un regard puis ils n’étaient plus. Le château retrouva son calme d’antan. Il n’avait plus de maître, mais bientôt un étranger se perdrait de nouveau dans ces contrées françaises reculées et prendrait à son tour le contrôle des lieux. Mais en attendant, suivons une dernière fois notre héros aux mille mystères.

 

    Le frère et la sœur venaient d’arriver devant l’entrée de la maison. Maison où la mère pleurait, n’ayant plus de nouvelles de son fils après avoir perdu son aînée. Un toc contre le bois. Des pas dans la maison. La porte s’ouvrit timidement. Puis la femme eut une expression indescriptible qui lui passa sur le visage. Ses enfants étaient de retour. Elle n’en revenait pas. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle les fit entrer avec précipitation et Jack referma la porte avant de rejoindre l’accolade familiale.

 

    Ainsi s’achève notre histoire. La famille était de nouveau au complet pour le plus grand plaisir de tous. Et leur aventure fit le tour du village, un conte pour enfants dont le chevalier blanc portait le nom de Jack le brave et dont le méchant n’était autre que le Sir ToyNoc…

 

    FIN, fermeture de rideaux.

 

    Le public se leva. Les jeunes avaient réussi à les faire retourner en enfance, le temps d’un spectacle. Qui aurait cru qu’un simple concours d’improvisation sur le thème des contes donnerait une histoire pareille ?

N’omettez pas les détails

    L’orchestre jouait. Douce mélodie. Les instruments comme envoutés. Passion lui dansait. Agitant sa baguette. Il valsait, rythmant le général, le principal. Les idées s’envolaient. Elles s’exprimaient dans les notes. Dans les couleurs des sons. Elles se combinaient pour reformer le tableau.

 

    Sur scène, ce tableau se mouvait. Les ombres dansaient en accord avec les instruments. Une chorégraphie harmonieuse qui s’ancrait dans un décor vaste. Un ensemble englobant. Une explication générique. Des mouvements de tous les jours… en apparence.

 

    En entrant dans le lieu, le tableau n’est pas des plus original. Plutôt un peu banal. L’envie de passer à côté. Ne pas y prêter attention. Mais au moment de rebrousser chemin, une note. Une simple note. Une se distingue. Un pas grand-chose. Un petit rien. Cela suffit…

 

    Un pas devant l’autre. Se rapprocher comme attiré. Un pas après l’autre. S’avancer comme hypnotisé. Une nouvelle teinte de couleur se démarque. Elle s’élève comme un ruban. L’attraper du regard. La suivre jusque dans l’orchestre. En chercher l’origine. Yeux posés sur les musiciens. Ou plutôt sur les instruments.

 

    Des gravures. Des dorures. Des paysages se mouvant sur le bois. Des animaux dansant sur le métal. Des sons exprimant des émotions. Les émotions s’expirant librement au milieu des idées. Les idées comme des notes qui s’ajoutent à la danse.

 

    Un œil sur la scène. Sur les silhouettes. Sur les ombres. Les tenues. Les étoiles. Les nuages. Toutes ces choses que l’on oublie de voir. Les variations infimes de la musique. Les petites pertes d’équilibre des danseurs. Les costumes. Les masques. Les regards. Des petits changements qu’on ne pense pas à voir.

 

    Les sentiments cachés. L’expression de la liberté. Loin de la banalité. Ne pas chercher à se conformer. S’avancer et entrer dans la danse. Monter sur la scène. Laisser de côté le masque habituel. Laisser l’Unique s’exprimer dans les mouvements, dans l’apparence, dans les mots. Le laisser danser sur la partition.

 

    De Passion à l’écrivain, les notes deviennent des mots.

    Sur la partition d’une page blanche, les idées s’agencent.

    La couleur des sentiments, une mélodie hors du tableau.

    Un texte n’est alors qu’une harmonie de détails qui dansent.

 

Playlist : « Combat »

    Musique entraînante. Tu la connaissais par cœur. Même playlist encore et toujours. Toujours le même rythme. Mais aujourd’hui était légèrement différent. Face à lui, tu t’étais dressée. Les dernières notes de l’échauffement se faisaient entendre. Tu reprenais ton souffle. Tu resserras tes gants. Tout en le fixant. En attendant le top départ. Ce moment où tout basculera. Celui où tu te lâcheras vraiment.

 

    Fin de la mélodie. Tu entends la musique diminuer petit à petit. Les secondes devinrent alors des heures. Tu retenais ton souffle. Regard sur l’objectif. Tu ne pouvais pas baisser les bras. La garde haute. Les yeux rivés sur lui. Tes sens aux aguets. Oreilles dressées.

 

    Changement de musique. Première note. Premier coup. Les suivants ne tardèrent pas. Il ne bougeait pas. Il ne flanchait point. La mélodie des souvenirs te prit alors. Tout en continuant. Tout en bougeant. Sans réfléchir. Ton esprit lui décida de partir. De se perdre dans le fil de ta pensée. Pensée tournée vers le passé.

 

    Chanson réveillant la mémoire. Des paroles. Des mots entendus trop de fois. Des actions marquantes. Une voix qui résonnait. Toujours et encore les mêmes choses. Toujours et encore les mêmes situations. Toujours et encore les mêmes reproches. Tu n’avais qu’une envie : la faire taire.

 

    Stopper cette musique. Tu n’en pouvais plus. Tu n’en voulais plus. Simplement un peu de liberté. Ne plus avoir cette chaîne dans le cœur et dans la tête. Chaîne aidant le mur à tenir en sa place souveraine. Mais ce dernier se fissurait doucement. Se brisant de lui-même en l’instant présent. Ton regard venait de changer. Il n’était plus neutre.

 

    La mélodie venait de changer. Il y avait comme une étincelle. On pouvait voir au travers du mur. Tes coups toujours aussi précis étaient maintenant plus appuyés. La force comme décuplée. Tu sentais le contre coup au travers de la protection. Un choc répété.

 

    Rythme calé sur la musique. Playlist sans fin. Tu continuais. La voix en toi s’élevait. Dans ta tête, elle criait. Tu avais envie de lui hurler de se taire. Alors tu frappais. Chaque choc plus important que le précédent. Tu avais mal aux mains. Au cœur. Mais tu ne t’avouais pas vaincue. Tu enchaînais.

 

    Les chansons s’enchaînèrent. Face à toi, il était stoïque. Pas un signe de faiblesse. Toi, petite boule de nerfs à vifs, tu t’essoufflais. Mais tu refusais d’observer les choses en face. Les souvenirs. Ces souvenirs se ressassaient jour après jour. Encore et toujours. Même dans tes rêves, ils venaient te hanter.

 

    La musique suivante. Adversaire se métamorphosant. Objet de cauchemar face à toi. Mais tu ne te figeas pas. Tu ne flanchas pas. Tu t’armas. Retirant tes gants. Mains nues face à lui. Maintenant prête. Ne retenant plus en rien tes coups. Silhouette attaquée restant de marbre. Illusion rigolant presque de l’effet produit. Soudain coup final.

 

    Note finale. Coup fatal. Loupant sa destination. S’écrasant de toute sa force contre le mur. Sac de frappes loupé de peu. Aveuglée par le désir d’oublier. Oublier quoi ? Je ne m’en rappelais plus. Pensées tournées vers la réalité. Masque explosé en écho aux phalanges contre le mur. Assise sur le sol. Une main tenant l’autre tremblante. Couleur changeante.

 

    Musique plus douce passante. Couleur changeante. Des larmes glissant, tombant, s’écrasant sur le parquet. Yeux au plafond. Encore un combat contre les pensées et cauchemars de perdu. Un membre sur la touche. Bougeant avec difficulté. Victoire par abandon. Contre un sac de frappes, tu le savais. Tu ne pouvais pas l’emporter. Mais contre toi-même et tes barrières, le chemin était amorcé.

 

    Note s’enchaînant sur la partition. La route sera encore longue. Pour l’heure, il te fallait te reposer. Soigner le corps et le cœur blessés. Le calme après la tempête. Un jour tu arriveras au bout de ce sentier. Ce dernier ne sera peut-être pas une promenade de santé. Des obstacles aussi imprévisibles les uns que les autres. Mais tu avais quelque chose en toi en plus de ta détermination.

 

    Une chanson comme un nouveau souffle. Un petit truc abstrait qui t’aidera à avancer. Une notion à ne pas perdre. Une chose aidant à croire de nouveau. Un peu de confiance en soi. Mais surtout l’espoir. Cette force qui pousse à avancer. Vis. Chante. Danse. Remets-toi doucement de tes blessures. Apprends de celles-ci. Ne fais plus de mal à ton corps pour oublier la douleur du cœur. Prends soin de toi. Et. Un jour…

 

    Musique de l’espoir. Tu verras la lumière sur ton chemin vers la victoire contre les démons passés.